easy easy 23 juillet 2012 17:24

Votre travail m’inspire une réflexion :
 
« On ne peut donner que ce qu’on a. Il faut donc qu’un individu s’appartienne dans un premier temps pour qu’il puisse se mettre à disposition d’autrui dans un second temps » 




C’est que concernant nos devoirs, ils peuvent aller jusqu’à celui de donner sa vie (ne serait-ce qu’en accouchant) mais curieusement, c’est assez facile à offrir.

Il est assez facile de mettre sa vie à disposition d’autrui lorsque ce don procure ce qu’on appelle honneur.

Ce que nous avons le plus de difficulté à offrir c’est notre honneur ou dignité.

C’est pour cela qu’un ministre pourtant en charge de la santé refusera de mettre à disposition des autres son honneur en reconnaissant ses torts à la suite d’une contamination de sangs à transfusions.




Mourir sur le champ d’honneur, des millions l’ont fait
Offrir son honneur en restant en vie, très peu l’ont fait. 

Parler des devoirs, des responsabilités sans dire un mot de l’honneur, c’est laisser un énorme trou noir dans l’ouvrage.

Considérons les Japonais.
On l’a vu avec Fukushima, ce n’est plus ça, mais jusqu’en 1950, ils avaient un concept à double détente.
Premier temps on mettait son honneur à disposition des autres en reconnaissant ses torts. On ressortait donc déshonoré.
Second temps, en se suicidant correctement on récupérait l’honneur perdu.
Ce principe à finalité heureuse (il faut bien mourir un jour alors mourir un peu plus tôt mais dans l’honneur, est automatiquement une belle chose) permettait à chacun de reconnaître ses torts donc d’accomplir vraiment tous ses devoir jusqu’au bout.

Le fait qu’en se suicidant un déshonoré récupère son honneur, démontre qu’il s’appartient entièrement tant en vie qu’en dignité.
 
Ici, c’est le contraire. Ici on ne laisse à personne la possibilité ni de disposer de sa vie ni de rétablir son honneur. Ici, même un condamné plus tard blanchi ne l’est que du bout des lèvres.

Ici, on ne permet à personne de récupérer son honneur et les suicidés sont jetés aux chiens (ce qui a débouché sur l’extraordinaire affaire Calas) 
Ici, la dignité de chacun n’est qu’entre les mains des autres et chacun doit donc se protéger des autres en mentant ainsi qu’en réduisant la dignité des autres. Ici chacun essaye de sauver son honneur sur lequel il ne peut rien en abaissant celui des autres sur lequel il peut tout. Ici on va donc voir les protagonistes d’un procès pratiquer le jeu de la patate chaude, le renvoi des responsabilités. Ici la médisance est incontournable.

Au Japon d’autrefois, du moment qu’une personne avait une part de responsabilité, même minime, elle n’avait aucun avantage à augmenter celle des autres, elle rétablissait sa part de déshonneur en procédant au sepuku.
Par exemple, à la suite d’une défaite de bataille, tous les soldats survivants se doutaient bien que leur part de faute n’était que partielle mais peu leur importait le procès des autres. Chacun avait à assumer sa part seul et le réglait par le seul sepuku.





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