thomthom 30 juillet 2012 21:32

Très intéressante cette conférence.
J’ajouterais tout de même une petite nuance/précision : heureusement, la perte/externalisation n’est jamais totale : nous externalisons certaines fonctions de notre corps via des outils que nous fabriquons, afin de démultiplier notre efficacité, mais nous conservons quand même l’usage de notre corps, même s’il évolue pour se consacrer plus pleinement à d’autres tâches, à vocation plus universelle. Heureusement que nous savons encore un peu nous servir de nos mains, et heureusement que nous conservons un minimum de mémoire.

Autre point, je vais me permettre de pousser un peu plus loin la réflexion de Michel Serre :
l’avènement des systèmes d’information moderne nous fait vivre une accélération considérable : Michel Serre parle de révolution à chaque étape décisive d’externalisation de la mémoire, puisque chaque étape nous permet du coup de développer un peu plus notre capacité à traiter l’information, notre intelligence. Internet constitue en ce sens une 3ème révolution (après l’invention de l’écriture, 1ère, et de l’imprimerie, 2ème). Mais avec Internet et l’informatique, tout s’accélère : cette 3ème révolution est à peine commencée (externalisation de notre mémoire dans le réseau, puisqu’une vie entière ne permettrait que d’apprendre une infime partie du savoir et de la création de l’humanité, externalisation nous permettant de nos concentrer sur l’essentiel : le traitement, universel, de ces informations) que déjà s’initie une nouvelle révolution, avec ce que les scientifiques appellent le « big data » et les algorithme des moteurs de recherche appliqués à la science : le volume d’information disponible dans le réseau, universellement et mondialement, devient tel, que même nos esprits les plus brillants deviennent parfois incapable d’assurer une traitement exhaustif de ces informations et d’y dénicher les corrélations qui nous feraient progresser. Et voila que nait l’idée de confier à des logiciels l’analyse de cette masse d’information afin d’y trouver des corrélations et de réaliser de véritables découvertes scientifiques. Ce n’est pas de la science fiction, mais bien des pratiques émergentes dans le monde scientifique. Si maintenant nous nous mettons à externaliser même une partie de ce que nous avons de plus précieux, notre intelligence, alors que nous reste-t-il ? Certainement quelque chose, mais voici de quoi alimenter un noveau chapitre de la réflexion de Michel Serre.


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