Lord WTF ! Lord Franz of the F. in S. 28 septembre 2012 15:36


@Eric : merci de votre réponse.

Sur le premier point que vous exposez, à savoir que la « droite » serait -en général- anidéologique, n’étant qu’en quelque sorte le négatif de la gauche me semble contenir une contradiction : même cette définition minimale par la négative « ne pas être de gauche » renvoie bien à un positionnement idéologique : à savoir le refus ou l’opposition à des valeurs ou discours dits de gauche : que ce refus ou cette opposition ne soit pas fondé stricto sensu sur un discours idéologique construit, tel que vous semblez le penser, n’y change rien : il y a bien des critères subjectifs (donc idéologiques au final) qui fonde ce refus, rejet, opposition, etc… Même en simplifiant à l’extrême et en posant que la dite « droite » serait historiquement limitée au seul conservatisme, nous en arriverions à l’idée que "ne pas être de gauche« est s’opposer à ce qui la fonde »essentiellement" à savoir le concept de « progrès » (si ce n’est celui de « révolution ») : à nouveau, « ne pas être de gauche » est bien en soi une position idéologique, contenant si ce n’est un « projet de société », une idée de ce que la société est ou doit/devrait être. J’ajouterai aussi que n’être ni de gauche, ni de droite relève aussi de l’idéologique autant que les positions apolitiques. Enfin il y a à l’évidence (en France) x courants de droite qui sont bien définissables par leurs positions idéologiques et la façon dont ils conçoivent la société : on parle bien de droite « libérale », gaulliste, de conservatisme, souverainisme, etc…ainsi que depuis quelque temps de droite « décomplexée ». Bref, ici je ne saisis pas vraiment votre propos : autant la dite gauche que la dite droite sont définies ou se définissent à partir de valeurs supposément de droite/gauche, ainsi que de discours idéologiquement connotés.

Quant à mon propos, il se fonde essentiellement sur le constat que l’Economique ayant acquis la prédominance sur le Politique (le neutralisant au fur et à mesure), et que le bipartisme a conduit à un appauvrissement du paysage politique (bref faible représentation du pluralisme à l’échelle gouvernementale ou assemblée) : les classifications droite/gauche (à nouveau je me réfère aux partis dits de gauche/droite à prétention gouvernementale) me semblent devenues largement anachroniques : puisque le dit discours « politique » se révèle aujourd’hui largement un discours « économique ». La dernière campagne présidentielle a été essentiellement une bataille de chiffres, de pourcentages, de statistiques et prévisions de croissance, etc…Certes, il y a des « sujets-vitrines » où l’idéologique semble marquer une nette distinction droite/gauche, mais encore, comme écrit dans mon précédent message, ils me semblent avant tout viser les marges politisées de la dite gauche/droite gouvernementale, de même que relever au choix de l’opportunisme ou clientélisme, plutôt que n’être représentatifs de clivages idéologiques tels que ou aussi marqués que par le passé. Ce qui me semble autant problématique que potentiellement dangereux, compte tenu compte de la « Réaction » actuelle en Europe et donc France, x réactions qui elles se veulent politiques, idéologiques et au final « culturelles » et qui réclament donc une réponse elle aussi politique, idéologique et culturelle : réponse que – à nouveau- ni la gauche ni la droite « gouvernementale » ne semble à même de donner : les changements que nos sociétés ont connu et vont continuer de connaître bouleversent l’ensemble de ce qui fondait notre paradigme « occidental » ou français : dès lors, un discours majoritairement « économique » est clairement un discours ne répondant qu’à une infime partie des nouvelles problématiques posées aujourd’hui par : la globalisation, le développement technologique, etc…et qui elles débordent largement le seul champ économique.


En revanche, sur l’idéologisation de la question de l’immigration non européenne, il n’y a absolument pas photo. C’est un débat de gauche et il est fondé sur des éléments fantasmés.


Il me semble qu’ici vous émettez un jugement somme toute partial : la récupération « idéologique » opère des deux côtés : mais comme dit précédemment, l’affrontement a une finalité bien plus clientéliste ou opportuniste qu’idéologique. Il me semble qu’un débat tel que celui sur la dite « identité nationale » (concept éminemment subjectif et donc clairement entendable en termes idéologiques) a bien été le fait d’une droite que vous présentez comme anidéologique : le seul point où nos positions se rejoignent est qu’effectivement pour moi la finalité n’était pas d’ordre idéologique mais bien plus « pratique » : à nouveau viser les marges politisées, en tant que réservoir d’électeurs potentiels. Quant à la dite « gauche », certes on peut y voir une forme d’idéologisation, avec la superposition de discours historiques de « gauche » (exemple fréquemment repris : l’immigré comme substitut du prolétaire) mais à nouveau le moteur me semble être le même qu’à droite : à savoir, opportunisme et/ou clientélisme. Quoi qu’il en soit, je me répète, je ne trouve pas plus dans les gauche et droite gouvernementales, de réelles motivations « idéologiques » : dans l’x-gauche, l’x-droite, ou les courants libéraux certes mais dans les partis de gouvernement : l’idéologique y relevant du slogan, de la façade avant tout et vise justement les électeurs et marges qui sont encore « politisés ». Et si je dis cela, c’est pour la simple raison que depuis des décennies, cette supposée opposition droite/gauche même si elle est récurrente dans les dits « débats politiques » ne s’est jamais au final matérialisée dans les faits : on a simplement un discours plutôt constant au final, puisque sur les trois dernières décennies : seul le mot-clé varie, pour le reste c’est essentiellement la même chose : les "mots-clés en I" dès lors qu’on se réfère à l’immigration non-européenne : à chaque échéance électorale on adopte un nouveau mot-clé pour se référer ou évoquer les pops issues de l’immigration non-européenne : chronologiquement cela nous donne cela : Immigration>Intégration>Insécurité>Islam : le discours à chaque fois rajoutant une dimension nouvelle (ou nouvelle strate) sur le sujet : bref en 2012, ces x couches successives fondent le discours actuel qu’il soit de gauche ou droite : en notant néanmoins que sur ces sujets, la « porosité » entre droite/gauche gouvernementale n’est pas de nature exceptionnelle. 

Aprés que la dite gauche gouvernementale ait d’une certaine manière décrété que c’était là sa « chasse gardée » (ce que vous définissez comme « idéologisation ») : à l’évidence cela est problématique, puisque pitentiellement discriminatoire en soi, et donc une sorte de négatif de positions d’x-droite : discrimination/stigmatisation « positive » vs discrimination/stigmatisation « négative ». Mais à nouveau, je consière à nouveau que cela relève bien plus de l’opportunisme/clientélisme que de l’idéologique : l’idée même de « chasse gardée » le montrant bien : il s’agit ici en quelque sorte d’un « marché captif », entendu uniquement en termes comptables (stock potentiel de voix). 

 

 La position de droite sur toutes ces question n’est pas une idéologie. Elle part du constat que des populations minoritaires s’intègrent tôt ou tard dans la majorité, s’assimilent, que c’est souahitable et qu’il faut faire quelques efforts pour les y aider.

C’est en soi bien une position idéologique, pour vous résumer, la position serait celle du « laisser faire » (pas de référence implicite ici aux positions libérales) puisque l’assimilation (concept idéologiquement connoté) serait au final un phénomène « naturel » : ce qui n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. De plus, il faut au préalable définir ce qu’on entend par « assimilation » : assimilation par les nouveaux arrivants des valeurs de la société d’accueil ou assimilation dans/par la société d’accueil des nouveaux arrivants : selon la définition que vous donnerez : la perspective non seulement changera résolument quant à ce que cela implique à l’échelle de la société (donc quel type de société : exemple modèle français ou US) mais aussi sera nettement connotée idéologiquement.

 

En général, les ghettos se créent essentiellement par rejet de la population dominante.

Je dirai que la première raison entrainant la constitution de « ghetto » relève avant tout de l’urbanisme (donc de la politique) : j’habite à Vienne (celle des Habsbourg et d’un certain Adolf) : il n’existe pas de « ghettos » ethniques : les « logements sociaux » étant parsemés partout dans la ville : il n’y a pas de quartiers « ethniques » ou de banlieues (la périphérie de Vienne c’est la cambrousse, le pays des bauers…) : et j’ajouterai qu’il n’existe aucune tension réellement palpable dans les rues, les transports en communs, etc… telle que celle que l’on peut ressentir dans d’autres villes européennes : quand bien même ici, les « islamistes » sont d’un tout autre « calibre » (au sens propre comme au figuré) que les aspirants jihadi des banlieues françaises, puisqu’essentiellement d’origine balkanique (Bosniaques, Kosovars) ou caucasienne (Tchétchènes), sans évoquer les Wahhabis originaires des pays du Golfe (siège de l’OPEP oblige). Vous pouvez même avoir un stand d’x-droite, proclamant en grosses lettres sur une bannière « islam=terrorisme » et à côté un stand de salafis, proclamant en grosses lettres « islam=paix » : aucune tension entre ceux qui tiennent les stands ou ceux qui passent de l’un à l’autre (ce type de manifestations politiques étant assez régulières, notamment dans les quartiers les plus cosmopolites de Vienne) ; par là je veux dire que l’on peut créer ou neutraliser ces tensions du moment qu’on le souhaite et arriver à vivre ensemble même en étant autant radicalement opposés, qu’en étant radicalisé dans le même temps. 

 Ensuite, il n’y a pas forcément rejet par la population dominante, les différences d’ordre socio-économique donnant généralement une plus grande marge de mobilité à la population hôte (ex : la constitution progressive de classes moyennes pouvant migrer que ce soit par la capacité à payer des loyers plus élevés ou de devenir propriétaires : à l’évidence, pour des primo-arrivants à faible salaire : cette marge de mobilité se verra significativement réduite). Bref, il n’y a pas de "mécanisme de rejet« systématique qui conduirait à la constitution de  »ghettos". 

Parlez avec des musulmans français pratiquant ( très minoritaires il est vrai) certains vous dirons que le dialogue inter-religieux le plus fructueux est avec les protestant évangéliques. Les musulmans savent que le christianisme est théologiquement fondamentalement hostile. Avec les évangélique, cela est dit. Après, on peut voir ce qu’il est possible de faire ensemble. On est pas d’accord, on le sait, maintenant on vit ensemble.

Vous savez les rapports historiques entre Protestantisme et Islam sont très anciens (puisqu’ils débutent rapidement après la naissance du Protestantisme), et disons que théologiquement l’hostilité ne semble pas avoir été ce qui définissait (avant la période contemporaine) les rapports protestants-musulmans : c’est tout le contraire en fait : un simple exemple, si les Quakers considéraient les Catholiques comme au mieux des égarés, au pire des pervers : les musulmans eux étaient conçus comme des frères. Les protestants se sont beaucoup intéressés à la façon dont les penseurs musulmans concevaient les rapports entre Foi et Raison, et sont souvent allés piocher dans le patrimoine islamique en la matière (d’où les nombreuses traductions et la diffusion rapide de textes musulmans dans le domaine protestant au XVIIè, XVIIIè siècle), sans parler de la coopération protestants/musulmans par exemple entre protestants des Pays-Bas et Barbaresques contre l’Espagne catholique. Les rapports ont surtout changé à l’époque contemporaine, essentiellement pour des raisons (géo)politiques et bien entendu la montée en puissance de l’extrémisme (ici je parle avant tout des Etats-Unis, connaissant mieux sur ce sujet l’évolution historique aux USA qu’en France). Donc, au niveau du dialogue inter-religieux, je pense qu’il est dès le départ bien plus facile entre protestants qu’entre catholiques (bien entendu cela dépendra de quel type de protestantisme et d’islam vous parlez). 

Avec les alterécolobiosocialiste, un discours sirupeux de multiculturalité, cache mal une hsotilité de fond idéologique qui elle, peut aller jusqu’à l’intolérance.

Le multiculturalisme réel n’existe pas : le multiculturalisme « bobo » est généralement implicitement compris et entendu comme la domination d’une culture et la folklorisation des autres « sous-cultures » : pas un hasard que du moment que les « sous-cultures » deviennent « revendicatives » (soit donc sortent du registre folklorique) : la réaction ne se fasse pas attendre : notamment chez ceux qui jusque là le défendaient sans saisir qu’ils ne défendaient aucunement un multiculturalisme REEL mais le pseudo-multiculturalisme en vigueur : à savoir la défense avant tout de leurs goûts exotiques et de la folklorisation des cultures autres.

« Nos musulmans » s’intègrent et s’assimilent comme de vulgaire immigrants. La preuve ? Ou verriez vous dans des pays musulmans, des femmes, pas nécessairement et toujours encadrées, protester publiquement pour leur droit à se voiler. Dans leur contestation même de notre société, elle démontrent qu’elles lui appartiennent.

 

C’est bien pour cela que je disais que la « réaction euro-islamiste » était bien plus synchrone avec la réaction-situation en Europe qu’avec celle dans le domaine musulman, et que donc en soi, c’est une réaction bien européenne (cette radicalisation ou repli sur des référents culturels, ne divergent que sur les référents en question mais le processus est le même, partant de là, ce qui l’initie (incertitude socio-économique, existentielle, culturelle, etc…) est partagé par tous) ; quant au fait que des femmes protestent publiquement pour leur droit à se voiler : je vous rejoindrai : en effet, cela montre bien que ces populations ont parfaitement assimilé/intégré des pratiques bien françaises et des modes de revendication propres à notre société (que ce soit contestation, lobbyisme, etc…). Mais cette perspective que vous apportez semble échapper à beaucoup. 


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