Disjecta Disjecta 11 octobre 2012 16:00

Je vais essayer d’être plus explicite alors : Michel Onfray fait partie de ces individus à la décontraction toute germanopratine, qui relaient tant qu’ils peuvent l’équation écoeurante Robespierre=Terreur. Equation qui ne résiste pas au premier début d’une culture historique minimum sur le sujet. Robespierre fit rappeler les délégués du Comité de Salut Public envoyés en Province lorsque ceux-ci s’avérèrent de vrais bouchers. Il sauva de la guillotine 75 députés girondins condamnés à coup sûr. Il fut parmi les premiers à défendre l’abolition de la peine de mort. J’arrête là la liste de tout ce qu’on doit à cet homme mais elle est longue. Il est pour cela la bête noire de la bourgeoisie qui n’a cessé depuis le 9 Thermidor de le calomnier (Onfray ne fait qu’hériter du flambeau). La Terreur avait évidemment un sens pour Robespierre mais pas du tout celui que des incultes (mais je soupçonne aussi une franche part de malhonnêteté) comme Furet ou Onfray lui donnent aujourd’hui : la France révolutionnaire est alors menacée sur toutes ses frontières par les armées des monarchies d’Europe (Brunswick promet aux parisiens un véritable massacre), l’aristocratie complote autant qu’elle peut, les généraux (aristocrates) ne cessent de trahir nos armées, tout ce petit monde banquette en prison sans cesser de corrompre et de vouloir le retour de l’ancien régime. La Terreur pour Robespierre permet d’indiquer que la révolution saura se défendre contre ses ennemis et qu’elle ne permettra pas aux nantis d’autrefois de l’avilir ou de la trahir. Si Onfray suppose que Robespierre aurait dû se présenter le béret à la main devant tous ses traîtres pour leur demander si c’était possible, s’il vous plaît, qu’ils soient un peu plus gentils avec la révolution, cela signifie d’une part que l’épaisseur du canapé germanopratin duquel Onfray écrit est bien trop confortable, d’autre part que l’irruption du peuple sur la scène publique lui hérisse le poil au possible.
Si ce Michel Onfray vous semble si honnête, demandez-lui pourquoi il n’a pas assez de mots durs contre Robespierre et contre la Terreur (qui ne saurait être assimilée, dans les limites que j’ai données, à Robespierre) mais rien contre le bon bourgeois réactionnaire Adolphe Thiers qui fit 20 mille victimes au bas mot en une semaine lors de la répression de la Commune ? Et tant qu’on y est il pourrait aussi s’intéresser à la répression de la révolution de juin 1848 qui fut pas loin d’atteindre les mêmes proportions en à peine plus de temps... Et puis, tiens, posez-lui aussi quelques questions sur la Terreur blanche (monarchiste) qui sévit après la mort de Robespierre. Cela permettra peut-être au grand penseur de s’interroger sur le fait qu’une révolution n’est pas toujours une partie de plaisir où l’on a son bouquet de fleurs à la main et l’appui de la CIA derrière.


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