Corinne Colas Corinne Colas 16 octobre 2012 16:53

Pour ceux qui arrivent à avoir encore un peu d’humour :


Et lire « Petite philosophie du zombie » de Maxime Coulombe
Presses universitaires de France

Cela sans compter les nombreuses travaux sur le cinéma de Roméro.

ex pour la France (fac de Bordeaux) :

« Land of the Dead ou quand les zombies parlent politique. Urbanisme et ségrégation urbaine chez George Romero » (numéro « Fictions d’anticipation politique », Michel Prat et Alain Sabbah, coord.), EidôlonCahiers du laboratoire pluridisciplinaire de recherches sur l’imagination littéraire, 73, 2006, pp. 149-164.

plus conférences très sérieuses...

Ex celle du Québec, présidé par le professeur Bernard Perron (Histoire de l’art), lire l’excellent compte-rendu ici : http://www.contre-feux.com/la-figure-croissante-du-zombie/

Un joli extrait de cette réflexion sensible :
« (..) peu de monde ignore la tournure politique qui s’est emparé du personnage du mort-vivant. Désormais, la grande majorité des œuvres d’art qui mettent en scène des zombies ont une intention plus ou moins politique

Parmi ces œuvres, il est difficile de contourner la référence du moment, à savoir la bande dessinée Walking Dead, toujours en production et maintenant visible en série télévisée. Ici, les zombies marquent la fin de l’État de droit tel que nous le connaissons, et par conséquent ils nous obligent à mobiliser nos capacités les plus sociales afin que l’on réfléchisse de nouveau aux fondements d’une société viable. Cela vaut certes pour les protagonistes de l’histoire avant de valoir pour nous. 

Cependant, quand on est spectateur de ces situations dramatiques et fictionnelles, selon la nature ludique de nos complexions, on se doit d’avoir des degrés d’empathie, des accès de compassion, et le fait de souffrir pour des douleurs qui ne sont pas les nôtres, qui plus est dans un contexte qui nous est singulièrement étranger, eh bien ceci nous transporte positivement vers une réflexion qui concerne au premier chef nos repères politiques, entre autres points de ralliement possibles. 

Bien souvent d’ailleurs, dans les romans d’épouvante ou les films de ce genre, on apprend à questionner la fin potentielle du présent tel que nous le connaissons, et ce questionnement fonctionne quand nous comprenons qu’une duplication des modèles historiques fédérateurs serait vouée à l’échec dans un monde devenu hostile à l’espèce humaine, hostile même à toute espèce de vivant. C’est la raison pour laquelle le zombie draine en général avec lui une horde de morts-vivants : ces masses ontologiquement instables menacent nos habitudes et nous incitent à appréhender d’autres niches constitutionnelles. 

Osera-t-on affirmer que ces genres artistiques que sont l’épouvante ou l’horreur constituent maintenant la base des nouveaux romans d’apprentissage ?

 À voir nos sociétés qui paraissent blasées du romantisme et des richesses de l’amour, on pourrait en effet se demander si la pédagogie impliquée par les zombies n’est pas l’apprentissage réel qui s’impose de nos jours, comme autrefois Stendhal a imposé des vues capitales sur les conditions de la cristallisation amoureuse. »

autre extrait capital :

« Il est vrai que les monstres en général et les zombies en particulier ont le pouvoir de remettre en question la richesse prétendue de notre vie psychique. Au contact de ces êtres dénaturés, nous avons le devoir de réfléchir nos expériences, d’interroger nos états de croyance et de soupçonner les idées particulièrement vives qui structurent ordinairement les débats. »



Revenons aux monstres de « Hunger games » déguisés non en zombies mais en ados cruels et sans scrupules à l’image des organisateurs et de la masse de spectateurs avides de sang : ce film sans être un chef-d’oeuvre, devrait logiquement remuer un peu les tripes des spectateurs anxieux par rapport au futur de notre société. Si ce n’est pas le cas, c’est que nous sommes devenus bien blasés ou pire... Sentir le monde devient difficile car beaucoup comme les zombies, n’ont plus qu’un petit morceau de cerveau qui fonctionne !




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