Éric Guéguen Éric Guéguen 2 décembre 2012 11:30

@ Eurasie :

Dans l’ensemble, je suis d’accord avec ce que vous dites, j’y suis assez sensible et l’homogénéité est une question que bon nombre de gens ont le tort de mépriser.

Mais j’ai un bémol à vous soumettre, Eurasie, en m’appuyant précisément sur le vocabulaire que vous avez employé. Vous parlez de « société homogène », puis de « société cohérente ». Et je crois en effet que le deuxième terme est plus approprié, surtout à notre époque. Je m’explique...

Nous avons en France une forte population immigrée dont les coutumes diffèrent parfois sensiblement des nôtres. D’autre part, il est évident qu’il y aura toujours des gens avec de faibles moyens et des gens avec de gros moyens ; non que j’y trouve mon compte - je fais plutôt partie de la première catégorie que de la seconde - mais il y a également de la diversité des êtres, des choix qu’ils font dans leur vie, de l’énergie déployée, etc., c’est-à-dire toutes choses qui ne peuvent se résumer à un distinguo entre un sort favorable et un esprit de rentier pour les uns, une malédiction et une spoliation systématique pour les autres.

Néanmoins, je pense qu’il y a des références absolues qui transcendent les différences civilisationnelles, et que c’est sur elles qu’il faut tabler. Je vous rassure tout de suite, je ne vais pas vous vendre et vous vanter les Droits de l’Homme, concept creux et sans âme depuis 1948, qui prête le flanc au libéralisme le plus écœurant. Je veux parler de ce que j’ai senti à la lecture d’un penseur musulman comme Al-Farabi, que l’on appelait le Second Maître. Savez-vous qui était le Premier ? Aristote. C’est que le Persan Farabi, le musulman Farabi avait exactement les mêmes choses en vue que Platon et son disciple : asseoir les vertus, concourir au Bien commun, faire régner la justice et remettre la religion à sa place. Seulement l’étude de Farabi, comme celle de nos grands Grecs, requiert bien plus de temps, de patience, de courage et d’assiduité que les montagnes de papier vendues de nos jours, périmées par avance. Je n’ai pas encore assez étudié la philosophie confucéenne, mais je suis certain d’y trouver de nombreuses récurrences ; nous avons davantage de points communs, je pense, avec Confucius que les Chinois n’en ont avec nos Droits de l’Homme, même si, pour satisfaire à leur consumérisme (et uniquement pour cette raison), ils finiront par les adopter.

Voyez-vous où je veux en venir ? Au fait que, bien plus qu’à une société « homogène », il me paraît urgent d’œuvrer pour une société « cohérente » (pour reprendre vos propres termes), c’est-à-dire fondée sur une véritable justice politique qui rétribuerait en fonction de l’attention portée au Bien commun qui reste, à mes yeux, parfaitement objectif, même lorsque mes intérêts propres vont à son encontre.

À vous lire.
EG


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