easy easy 14 décembre 2012 15:32

Il m’apparaît que l’estomac nous retient encore dans le ici-en-viande

Je vois que quand je suis tout pensant (en train de bricoler quelque horloge) je ne pense plus à manger. Dito pour celui qui est dans son game avec des internautes.

Je me vois encore dans le ici-en-viande à cause de mon putaingue d’estomac et que je déteste de plus en plus ce dernier puisque poulets en batteries.

Autrement dit, on me donnerait la possibilité de m’en passer, je n’hésiterais pas une seconde (Mais je te dis pas le choc culturel ensuite. Je sens que je vais passer un gros moment de panique. Ce ne sera pas simple)


Lorsque je game (J’invente cas je n’ai jamais gamé de ma vie sinon une fois au Pacman) je vois déjà mon adversaire du Net, dont je n’ai rien à cirer de l’endroit où il vit ni de la taille qu’il fait, comme n’étant qu’un être virtuel qui pourrait donc aussi bien être un bot, un bout de plastique pucé.
Bien que je finisse tout de même par ressentir la faim stomacale et l’envie de pisser, bien que je sois rappelé à mon corps biologique, je reste à ne percevoir l’autre joueur que comme un bout de plastique ou pas loin. (surtout lorsque cet autre joueur est en fait une cohorte de joueurs car une masse a toujours une allure plus immortelle qu’un individu)

Il s’installe donc, entre un vrai joueur au loin et moi ici, une ambiance hyper bout de plastique-pensée-pure. Chacun de nous en vient à être choqué que l’autre réclame une pause pipi.

Le contexte plastifiant est déjà extrêmement favorable à notre transfert vers l’être-tout-pensée.

A partir du moment où existe un contexte favorable à ce transfert, il se fera inéluctablement.



Le sacrifice à faire, l’acceptation d’être dans le plastique plutôt que dans notre viande, se fera même à notre corps défendant.

Si mon PC avait enregistré tout ce que j’ai écrit sur AVox, il serait déjà capable de pondre constamment des textes avec ma pensée (et saura, comme moi, se nourrir de celle des autres) 


Tant que je suis vivant, je pourrais y trouver offense et protester.
Mais si jai une crise cardiaque...
Bin vous seriez là déjà en train de parler à un bot qui se prétendra être Easy.

Face à cette évidence qu’il pourra m’usurper à ma mort, je vais déjà accepter de mon vivant ce transfert et déjà convenir que mon PC est mon clone penséiste.



Mon PC peut-il vous répondre à ma place ?

Il est considéré qu’un PC ne fonctionne qu’en Oui Non ; Et Ou ; Il y a Il n’y a pas
Alors que nous, les gens en viande, nous pensons en Mais ou et donc or ni car

Il me semble cependant que Mais peut se traiter par une suite ou décompositions de Oui Non.

Il me semble que Mais, Donc, Ni, Car, ne sont en fait que des biais d’heuristique rapide pour aller vers une solution et que si on les examinait à la loupe, on verrait qu’ils coupent court à travers un champ fait de Et et de Ou
Il me semble que toutes nos manières ou élégances cognitives reposent sur lit d’options binaires.


Ce qui manquera à mon PC, ce sera la faim, la faim intellectuelle, la curiosité, la motivation. Sans cela, il ne pensera pas (il aura le regard dans le vide)

Dès qu’on aura trouvé le moyen de créer une faim chez la puce, elle se mettra à penser (simplement, pourquoi pas, mais elle se mettra à penser, elle aura envie)

Or les games semblent déjà proposer des faims, des besoins de grains d’énergie. Il ne me semble pas impossible de programmer un bot soiffard de « grains d’énergie ». On le balance sur la toile et ce soiffard ira partout où il pourra récolter des grains.



Arrive alors la satiété, la fatigue, qu’il faudra trouver le moyens d’installer dans la pensée de la puce.

Mais pourquoi une puce pensante et immortelle devrait-elle fatiguer ?

Est-ce qu’un réseau microscopique de puces gamant en réseau doit fatiguer ou est-ce qu’il ne doit avoir aucune limite d’intensité intellectuelle et finir alors en Larsen cognitif ?

Une fois transférés dans le plastique, voudrons-nous ressentir encore de la fatigue ou préfererons-nous avoir un orgasme continu ?


Répondre à ces questions de nos jours, c’est automatiquement se tromper de contexte.
Aujourd’hui, si nous pouvons être éventuellement séduits à l’idée de nous passer d’estomac ( avec la possiblité de retour en arrière SVP docteur tant c’est effrayant), nous n’envisageons pas un orgasme permanent. L’idée que ça puisse nous arriver nous file même la nausée.

Mais Abelard et George Sand auraient probablement eu la nausée à l’idée de pouvoir papoter indéfiniment avec plein de gens invisibles qui plus est.

Tout ce que nous trouvons normal aujourd’hui aurait filé la nausée à nos ancêtres.

Le transfert se fera de nous vers la puce mais progressivement et la situation s’adaptera d’elle-même

(Concernant les énergies, quand nous ne serons plus que mycélium sous terre, nous saurons nous contenter des très failbles courants électriques qui parcourent déjà les sols, les arbres...)


Ces considérations ne manquent jamais de nous renvoyer à la question « Que serait le paradis idéal ? » et on voit rapidement que sans les souffrances, il n’est aucun plaisir pendant que l’ataraxie n’a pas de sens (ou seulement comme formule pour parvenir à notre mort sans déchirements, pas si nous passons immortels)


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