easy easy 15 janvier 2013 14:12

Avant le taylorisme l’employé était dans une des pires positions de l’Histoire. Sa condition était pire que celle de bien des esclaves antiques qui au moins bénéficiaient d’un lien les obligeant autant que leur maître.
Il fallait donc que ces employés résistent par le seul biais possible, la solidarité entre eux. Il en est surgi mille avatars de cette solidarité des gueux.

Mais à partir de Ford, la bourgeoisie ne suffisant plus à consommer les productions industrielles, l’employé est devenu consommateur à son tour.

Puis la télé s’est rajoutée à l’automobile

En 1970 n’importe quel employé pouvait vivre des conditions de petite bourgeoisie sans comparaison avec le XIXème siècle

De nos jour, de consommateur, l’employé est devenu coacteur de la production et de la conception. N’importe qui peut participer à sa manière au développement de pôles capitalistes sur le Net. Et n’importe qui, parfois sans s’en douter, participe aux coagulations de capital au travers de ses cotisations ou mutualisations des risques 
Il reste de grands malin qui profitent fort du nouveau système (Tels les Kim Dotcom) parce qu’ils sont aux commandes des mouvements de capitaux mais ces apports en capitaux c’est l’ensemble des salariés qui les nourrissent

La lutte se situe essentiellement au niveau du contrôle des flux financiers 

Sur ce site, nous sommes tous co producteurs du contenu mais les dividendes nous échappent totalement (N’en tirent profit que ceux d’entre nous qui se font de la pub pour quelque bouquin) 
Mais arrive le moment où nous allons monter des sites mutualistes ou coopératifs vrais afin de nous partager les dividendes et décider des investissements.

Dans ce contexte, il devenait de plus en plus évident que la solidarité passive allait devenir obsolète. 
L’individualisme ne peut que prévaloir dans un monde où chacun n’est plus loin de pouvoir co-contrôler toute la chaîne du système. 

Le fait que dans une entreprise en dur, les contrats puissent être modifiés tue la solidarité passive et augmente l’individualisme, la contractualisation au cas par cas des individus. 

Les entreprises sachant que chaque employé ne se repose plus sur quelque principe de solidarité passive savent aussi qu’elles doivent séduire leurs employés les plus productifs en leur consentant des contrats spéciaux. En fait, ils seront des associés (comme les acteurs de cinéma qui ont un pourcentage sur les recettes).

Cet hyper libéralisme est bien entendu surprenant de la part d’un gouvernement de gauche mais il est pragmatique de la situation mondiale de plus en plus contractualiste (au cas par cas) où les entreprises ne veulent plus d’employés moutons mais requins. 



Reste l’autre aspect de la question de la solidarité, celui de l’aide aux échoués, autant dire aux plus de 45 ans un peu ballots pour faire vite.

Car autrefois, il pouvait sembler intéressant pour l’industrie de maintenir sous le coude, donc en vie, des chômeurs même âgés pas seulement pour créer une pression sur les salaires mais pour les employer vraiment à quelque manoeuvre.

De nos jours, le réemploi des plus de 45 ans semble peu évident. Alors pourquoi entretenir sous le coude une masse de chômeurs qui ne seront jamais employés ?
 
C’est donc à chacun de prévoir ses arrières 

Or ce sont précisément les plus ballots qui se sont fait éjecter très tôt du business qui sont les plus ballots pour constituer leurs arrières 


Il va y avoir des années difficiles à vivre pour ceux qui ont eu tendance à vivre de la solidarité passive mais la génération qui arrive va piger la nouvelle donne et sera plus douée pour gérer l’individualisme absolu

C’est une ère de cynisme ou de personnalisation toutes classes confondues qui s’annonce
Il en surgira probablement des contrats formels passés entre enfants et parents avec abaissement de l’âge de la majorité.
Car pour l’instant la dernière solidarité passive qui existe est celle que les parents doivent à leurs enfants. Privés de la solidarité sociale géante, les parents devront passer des contrats avec leurs enfants mais aussi entre amis.

Fin de la solidarité sectorielle passive, début de la solidarité multisectorielle choisie et active.

Par le biais du contrat, chacun reconstituera autour de lui un village au moins virtuel avec une charte propre.
Ce ne sera pas forcément plus mal.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe