Éric Guéguen Éric Guéguen 22 février 2013 12:18

@ Machiavel1983 :

Salutations, Machiavel !
Vous réactivez là notre sempiternel débat, canaillou ! smiley

Mes réponses :

1. Je n’envisage pas de revenir à proprement parler à une société holiste et, même si je trouve aberrant d’en faire un article du droit naturel, je ne pense pas qu’il soit judicieux de mettre à mal le principe de propriété privée.
Mais vous avez parfaitement raison de pointer du doigt le fait que notre monde matérialiste ne pourra sortir de la fange que le jour où il prendra conscience du caractère accessoire de la « matière »... je ne suis pas en train de vous dire que l’âme est tout et le corps négligeable, mais plus simplement que la connaissance a nécessairement une valeur supérieure au bien matériel. Malheureusement - et c’est tout notre drame - il y a, et il y aura toujours je pense, bien peu de gens à en être convaincus.

2. Ce débat, nous le menons vous et moi depuis quelque temps. Je ne vais pas épiloguer, je dirais juste deux choses :

Je suis en train de suivre un séminaire sur le capitalisme. Comme c’est dans le cadre de l’Éducation nationale, c’est forcément un séminaire de gauche, donc le capitalisme c’est caca et il est beaucoup question de Marx. Et que nous dit-on ? Que toute la pensée de Marx - dans les Manuscrits de 44 - est fondée sur le constat d’une injustice à réparer, celle de l’aliénation des ouvriers de son siècle. Autrement dit, tout le courant marxiste se fonde sur la dichotomie dominants/dominés pour progresser. Or, ce n’est nullement là partir du bien commun ! Non que le sort des ouvriers ne soit pas important, mais à partir du moment où l’on milite pour le sort d’une fraction de la société et, qui plus est, lorsque l’on fonde toute sa pensée sur un sentiment d’injustice à résoudre, à combler, on ne peut faire honnêtement et raisonnablement de la politique. Il faut partir du tout, non des parties. Et eu égard au tout, il y aura toujours des dominants et des dominés, ce qui ne me dérange nullement à partir du moment où certains se mettent volontairement en position de dominés. Ce qui importe, ce n’est pas l’égalité, c’est la justice. Le problème ne vient pas de la domination, mais de l’usurpation.

2. J’ai lu Bernays récemment. Je ne peux pas dire qu’il me soit sympathique, mais je n’y ai pas vu l’agent du mal que l’on se plaît à nous décrire sur le net depuis quelques mois.
Eh bien savez-vous quoi ? Bernays m’a fait penser à un illustre devancier. Qui ? Machiavel himself. Quatre siècles les séparent et une bonne dose de talent littéraire, mais c’est tout. Bernays est à l’âge capitaliste contemporain ce que Machiavel a été à l’âge moderne : un homme qui résume tout à de l’utilitaire, y compris les notions de bien et de mal.
Ceci pour vous dire que Bernays, comme Machiavel et comme vous, dit ceci : il y a des baiseurs, il y a des baisés, il y aura toujours des baiseurs et des baisés, ce qui importe, c’est de maintenir un équilibre, un statu quo dans tout ça. Toute la politique est là.
Pas pour moi.

PS : Le bien commun n’est pas la somme des intérêts particuliers (mais vous vous êtes peut-être mal exprimé...), ce qui explique précisément qu’il n’ait plus cours de nos jours. Les intérêts particuliers doivent se rapporter au bien commun. Exemple : le fait de payer des impôts peut sembler injuste à quelqu’un qui n’a jamais recours aux services de l’État, car il n’y trouve pas précisément son « intérêt » bien compris. Il s’agit bien ici de « bien commun » pourtant, ce que tout le monde oublie et ce dont tout le monde profite néanmoins.Seulement on a tendance à penser au « bien commun » quand il nous rapporte quelque chose, uniquement dans ce cas-là.
La redistribution se fait en vertu du bien commun, et la redistribution surpasse aussi bien la sainte propriété des uns que la divine égalité des autres lorsque l’une et l’autre sont indues.

Bon appétit,
EG


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