Philippe VERGNES 12 avril 2013 10:53
Bonjour Loup Rebel,

Ho mais... nous sommes bien d’accord ! smiley

Ce n’est pas pour rien que j’ai conclus mon dernier article en citant Mary-Catherine BATESON, la fille de Grégory BATESON lorsqu’elle écrit : « La double contrainte décrit une distorsion parfois pathogène que l’on peut découvrir dans la communication lorsqu’on l’envisage d’une certaine manière ; mais pour comprendre la double contrainte, il est nécessaire d’apprendre une nouvelle façon de penser la communication, qui repose sur une épistémologie des relations qui est à la base à la fois de la pathologie et de la créativité – ou plutôt désapprendre une épistémologie que la plupart d’entre nous considèrent comme allant de soi. […] L’humour et la religion, l’art et la poésie restent mystérieux, mais peuvent s’avérer essentiels pour l’espèce humaine parce que notre existence sur cette planète est en elle-même une double contrainte et que les doubles contraintes peuvent déclencher la prise de conscience tout autant que le conflit ».

Si je m’intéresse au « côté » pathologique du paradoxe, je n’en nie absolument pas le « côté » vertueux. Deux pôles d’attractions vers lesquels notre cœur balance. Sauf qu’actuellement, il existe à mes yeux un réel déséquilibre qui fait pencher la balance vers le pathologique. Mais peut-être est-ce là une nécessité pour permettre les prises de conscience nécessaires à un rééquilibrage.

Pour les illusions, c’est pour moi un peu la même chose : il y a des illusions « positives » et d’autres plus « négatives ».

Je dis souvent que nous vivons à l’heure actuelle une crise paradigmatique : notre cadre conceptuel actuel ne nous permet pas de penser la complexité du monde d’aujourd’hui d’où le climat de tension qui en résulte. C’est pourquoi je me réfère souvent à Alfred KORZYBSKI qui a fortement inspiré Henri LABORIT pour créer son concept de pensée complexe tel que l’a ensuite défini Edgar MORIN.

Lorsque je parle ici d’illusion soigneusement entretenu en référence aux croyances que l’on nous inculque, ce n’est que pour souligner qu’il existe d’autres façons de vivre nos illusions. D’autres façons tout aussi valident faut-il préciser.

Ainsi, vous n’avez pas tort en disant que : « le peuple est comme un enfant qui cherche la protection d’un père » tout comme je n’ai pas tort non plus en renchérissant par : «  je dirais plutôt que le peuple est traité comme un enfant à qui l’on fait croire qu’il a besoin de la protection d’un père » de même que l’interprétation qui vous a été reproché en déformant vos propos telle que : « le peuple est un enfant » peut également avoir un sens dans certains contextes.

Les problèmes surgissent lorsque nous croyons qu’un seul de ces trois exemples de représentations est valide. Ce qui fait naître dogmes, idéologies « sectaires », « jusqu’au boutisme », (partie politique smiley), etc.

Je suis cependant un peu plus sceptique quant à l’analogie que vous faîtes entre les outils des artistes et ceux des psys. Si l’image est assez belle, une différence majeure existe cependant entre eux : pour les artistes leurs outils sont « concrets » (ils peuvent les appréhender manuellement), mais pour les psys leurs « outils » sont « abstraits » (ils ne sont appréhendés qu’intellectuellement), ce qui rend la comparaison difficile en les situant sur un même plan. Du fait même de la spécificité de leurs outils, les psys ne devraient-ils pas plutôt les garder à l’esprit tout en restant vigilant aux faits susceptibles de les remettre en question afin d’éviter les éventuelles erreurs conceptuelles qui ne manquent pas d’émerger au fur et à mesure de notre évolution ?

Bonne journée


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