njama njama 13 avril 2013 18:09

Histoire secrète de l’Union européenne
http://www.voltairenet.org/article14369.html

L’idéologie européenne

Courte genèse des fondements philosophiques de l’Idéologie européenne
mai 2008, par Aymeric Monville
[...]
Toute erreur, dit Spinoza, est un déplacement. Ainsi, l’animal appelé chimère est un ensemble fictif d’éléments réellement existants. Il en va de même pour l’Europe des eurobéats. À un certain niveau d’abstraction (et l’Idéologie européenne est l’abstraction même, une idéologie non seulement contre-révolutionnaire mais véritablement « contre-historique »), nous ne trouvons plus les mensonges grotesques, les erreurs factuelles que nous avons dénoncés. Nous ne trouvons que des appels aux grands principes. Lesquels ne sont finalement qu’une forme du mensonge par omission.

L’omission la plus grave, c’est la portée de la Révolution française en Europe, qui a vu l’affirmation de la République et d’une idée de la Nation fondée sur le progrès. De Novalis à Habermas, c’est, à travers l’Idéologie Européenne, le même compte qui se règle avec la Révolution. Tous deux participent d’une volonté que l’histoire s’arrête en chemin, qu’il n’y ait plus de politique, qu’elle soit enfin, selon le mot d’Enzensberger qualifiant Angela Merkel, confiée à une « ménagère ». Pour Novalis, cela s’incarne dans un projet conservateur classique. Pour Habermas, il s’agit d’entériner la réduction de la politique à de vagues compensations social-démocrates. Au combat politique doit succéder la négociation dialogique, la compétition régulée, le débat rationnel entre intérêts divergents afin de « civiliser le capitalisme » [1]. Projet qui s’accompagne d’une démission devant le fait accompli de l’impérialisme (qu’Habermas appelle mondialisation). Habermas va jusqu’à déclarer, en s’en réjouissant, que « les conditions économiques qui se sont transformées sous l’effet de la mondialisation interdisent à l’Etat national toute intervention sur les ressources fiscales. » [2] La social-démocratie allemande teintée de paternalisme bismarckien et d’un soupçon de football serait donc le modèle universel, l’horizon indépassable.
[...]
Ici, à la négation du rôle de l’Etat-nation (de Novalis à Habermas), succède la négation du conflit social au sein de l’Etat-nation. On sait très bien que le suffrage universel en France est le produit d’une lutte centenaire entre la bourgeoisie et les travailleurs, que l’embryon de Sécurité sociale introduit par Bismarck résultait de la pression du Parti Social-démocrate, qui n’avait pas encore de social que le nom. De plus, comment imaginer cette force relative de ce parti allemand par rapport aux Français sans prendre en compte le facteur de la répression de la Commune de Paris outre-Rhin ? Quant aux droits individuels anglais, on sait bien qu’ils résultent d’une des plus grandes révolutions modernes. Qui plus est, les progrès démocratiques en Europe résultent eux-mêmes de la pression qu’exerçait le monde socialiste sur la bourgeoisie capitaliste occidentale. Il n’y a qu’à voir comme elle se plaît à reprendre ces concessions depuis le déclin du mouvement social au niveau mondial.

Voir ainsi la modernité européenne comme une sorte de partenariat de différents génies nationaux homogènes revient à attribuer à telle ou telle entité nationale ou supranationale des pouvoirs magiques.

Cette pensée magique, essentialiste, se reflète également dans la manière de présenter la prétendue « culture européenne ».
[...]
Dans l’Idéologie Européenne, la référence culturelle confère une valeur inestimable à celui qui l’utilise, sans doute parce que, en bonne logique libérale, « ce qui est rare est cher »… La référence culturelle recouvre peu à peu la référence historique. Nées de conflits réels, les œuvres rassemblées arbitrairement sous le nom de « culture » sont recyclées dans l’idéologie. Elles servent désormais de décoration rhétorique au mouvement mondial de décivilisation, d’analphabétisation et d’oppression, qui s’appelle libéralisme, et qui s’exprime par la sophistique de l’Idéologie Européenne.

http://ideologie-europeenne.fr/Courte-genese-des-fondements.html


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe