fishlord (---.---.98.26) 28 septembre 2006 12:26

J’adore cette approche de la question des fonctionnaires exclusivement en termes de coût. Que chaque chose ait un coût et qu’il faille éviter les dépenses excessives, je n’en doute pas. Mais en terme de coût, c’est marrant, on n’évalue jamais le coût social catastrophique des politiques de réductions budgétaires bêtes et méchantes. Pourtant la CNUCED et même l’OCDE ont commencé à s’y mettre à ce genre de calcul : le coût de l’impuissance financière des états du fait de la dérèglementation sauvage, en termes de croissance : catastrophique.

Bref, il est de bon ton de voir ce qu’il en coûte de faire vivre les gens et les services, mais pas encore ce qu’il en coûterait de ne pas le faire.

Voilà un bon article pour vous coller la rétine sur la lorgnette de la critique « budgétariste » de base, avec des arrières-pensées tout droit sorties de la boîte à idée libérale typique de la droite des années 80 :

« Ces gens ne seraient-il pas plus utiles à la collectivité dans des tâches directement productives dans le secteur privé ? »

Mais bien sûr. L’argument de la productivité comme une rengaine qui fait toujours peau neuve, malgré l’augmentation croissante de productivité dans tous les pays développés qui continue, depuis bien longtemps, malgré la crise, et qui n’a de fait plus rien à voir avec les questions d’emploi. Et l’idée que le secteur privé tend les bras aux fonctionnaires pour les embaucher.

"Et l’écart est saisissant : les enseignants fonctionnaires d’Etat coûtent 9000 € de plus pour le primaire et 15 000 € de plus pour le secondaire que leurs homologues privés ! Soit, au total, 8,8 milliards d’euros par an sur les 46 milliards que coûtent les enseignants : 20 % de trop ! 1 Si on traduit cela en emplois, exercice approximatif mais parlant, cela en fait environ 400 000 à 500 000 au SMIC...

On peut extrapoler ce surcoût à toute la fonction publique : sur 118 milliards d’euros de charges de personnel 2006, cela représente 20 milliards ! Ceci rien que pour le surcoût par agent, sans même parler de sureffectifs..."

Malgré le fait que cet article soit assez bien documenté, ce genre d’extrapolation est extrêmement grossier. la fonction publique n’est qu’un catégorie de salariés, qui recouvre un nombre de métiers et de missions énorme.

Encore une fois, voir l’aspect principalement budgétaire tient du raisonnement mono-neuronal, qui contribue, dans l’éducation publique par exemple (je dis bien, contribue, les problèmes sont multiples), à la catastrophe par le biais des réductions de postes.

Et si l’on essayait de compreendre qu’il faut investir, qu’il faut des moyens, pour avoir une éducation de qualité ? Beaucoup de pays s’y sont mis, la Grande-Bretagne en tête. Mais en France, on continue de voir poindre des réflexions comptables qui ne voient que le bout du doigt qu’on leur montre.

Cela dit, je suis tout-à-fait d’accord sur la question du manque de transparence dans l’information sur la rémunération des fonctionnaires d’état, voire même sur leur nombre ! Plus largement, les institutions de l’Etat manquent de transparence un peu partout. Les hauts salaires dans la fonctione publique sont peut-être aussi trop rémunérés.

Mais, n’oubliez pas une chose : pour l’écrasante majorité des fonctionnaires, leur salaire est rapidement et directement reversé dans l’économie de la société, et de par leur salaire, ils contribuent aussi à faire vivre beaucoup d’autres personnes.

Quand se posera-t-on la questions du coût, incomparablement plus exorbitant pour la société, des privilégiés qui de par leurs « golden parachutes » ou leur portefeuilles en bourse, qui peuvent aller jusqu’à représenter des milliers de SMIC, et qui eux, ne sont pas revesés dans l’économie de la société, vu qu’ils sont instantanément réinvestis dans l’économie financière et son casino spéculatif ?

Pour 1 Euro investi dans l’économie réelle (les fonctionnaires sont généralement dans ce cas).......65 Euros investis dans l’économie financière.

Alors, au lieu de se toturer en permanence sur le coût des fonctionnaires, peut-être vaudrait-il mieux réfléchir à la redéfinition de la fonction publique et du service public, et les moyens que l’on veut bien y employer, si on veut que ça fonctionne.

ça élargira les perspectives.

fishlord


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