Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 12 septembre 2013 12:44

Détail : terme connoté péjorativement depuis que Jean-Marie Le Pen l’avait employé à propos de la place de la question des chambres à gaz nazies dans l’histoire de la Seconde guerre mondiale.

L’affaire du “point de détail” reste un mauvais procès fait à Monsieur Le Pen qui déclara lors du ‘Grand jury’ RTL-’le Monde’ du 13 septembre 1987, en réponse à une question :
« Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. »

C’est en consultant des ouvrages d’histoire qu’il avait pu parvenu à cette conclusion, que l’on peut discuter.

L’expression “chambres à gaz” ne figure pas dans le sommaire détaillé (2 pages) de l’ouvrage de Raul Hilberg The Destruction of the European Jews, publié en 1961, 2e édition 1985 (traductions françaises Fayard 1988 et Gallimard, collection Folio-Histoire, 1991).

On ne trouve rien sur les camps d’extermination, ni sur les chambres à gaz, dans Histoire de la seconde guerre mondiale de Liddell Hart (1970, traduction française Fayard 1973), ouvrage qui figurait en Usuels (au fond à gauche) dans la salle des imprimés de l’ancienne Bibliothèque Nationale, 58 rue de Richelieu, Paris 2e.

Le manuel Histoire de 1890 à 1945 (Hachette, collection GREHG, classes de première, 1988), mentionne les chambres à gaz page 235, en une seule ligne, dans la partie “Cours” : “Après 1942, les chambres à gaz font des camps des usines de mort.” Mais cet ouvrage consacre quatre lignes au “nylon, ce textile de synthèse mis au point par des ingénieurs de la firme Dupont de Nemours en 1938 et utilisé de façon industrielle pour confectionner les parachutes, avant de conquérir l’habillement et une foule d’autres usages.”

Dans la partie “Documents”, le seul témoignage produit est celui du communiste Fernand Grenier sur Dachau (témoignage publié dans L’Humanité du 4 mai 1945), Dachau où les gazages homicides ont été reconnus inexistants, notamment par Pierre Vidal-Naquet et Madeleine Rebérioux (sans contestation ultérieure).

L’expression “chambres à gaz” ne figurait pas dans le « Thésaurus », index détaillé de l’Encyclopaedia Universalis publié en 1990.

Les historiens Serge Berstein et Pierre Milza ont eux aussi traité la question comme un détail dans L’Allemagne 1870-1991 (Paris : Masson, 1992) ; on n’y lit en effet que ces quelques lignes :

“Dans l’euphorie des premières victoires en Russie s’ébauche un plan bien plus ambitieux ; la ‘solution finale’, c’est-à-dire l’extermination de tous les juifs européens. Chargé en juillet 1941 de dresser un rapport sur la question, Heydrich fait adopter en janvier 1942 un plan qui entre aussitôt en application : construire des camps où les juifs seront parqués et exterminés dans des chambres à gaz. Dans toute l’Europe commencent les grandes rafles destinées à alimenter les convois qui convergent vers Auschwitz, Maïdenek, Belzc, Treblinka, etc., où périront six millions de juifs.”


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