Alexis Toulet Alexis Toulet 9 octobre 2013 23:17

A noter que la 1ère solution n’est pas impossible, à condition que « les marchés » c’est-à-dire d’autres banques et fonds de placement acceptent de prêter l’argent nécessaire à l’Etat. C’est bien ce qui s’est passé quand l’Irlande a garanti les pertes de ses banques : son déficit public 2010 était égal à 32% (! ! !) de son PIB ce qui signifie qu’elle avait emprunté l’argent servant à renflouer les pertes de ses institutions financières. Naturellement les conséquences à court / moyen terme sont très sévères, mais un gouvernement peut tout de même prendre ce genre de décisions.


La 2ème solution (planche à billets) nécessite de sortir de l’euro. Comme vous le dites, cela nécessite de sortir au préalable de l’UE, ce qui ne peut se faire « à chaud » dans les quelques jours qui suffisent à une crise financière pour se développer. Cela ne peut se faire en urgence. Du moins ... SI l’on respecte les traités ! La question ne se pose certes pas « en temps normal », mais sous la pression d’une crise très dangereuse, bien des choses peuvent devenir possibles.

Par exemple, une sortie « éclair » de l’euro par la France, les autres pays acceptant qu’exception soit faite aux traités... et étant « motivés » pour l’accepter par la certitude que s’ils le refusent, non seulement cela n’empêchera pas le Président d’agir, mais alors la France sortira de l’UE entièrement et non de la seule monnaie unique, et l’UE cessera d’exister - il est difficile de l’imaginer survivre à la sortie de la France. Et le Président a incontestablement un tel pouvoir. L’article 16 de la Constitution lui permet en tout état de cause d’assumer les pleins pouvoirs s’il estime le fonctionnement régulier des institutions menacé, et rien ne l’empêche de décider qu’un effondrement bancaire représente une telle menace. Quant à la possibilité pour l’Union d’intervenir pour empêcher le Président une fois revêtu des pleins pouvoirs de suspendre l’exécution des traités... il faudrait que l’armée fédérale entre en action smiley ! Compte tenu de cette réalité institutionnelle, il est probable qu’un Président décidé à agir n’aurait même pas besoin d’utiliser l’article 16 : il lui suffirait de menacer de faire « pire » que de sortir la France de l’euro pour obtenir l’accord de ses homologues de l’euro-zone et une formule du type « Ça n’est pas dans les traités, mais... mais en fait si ça y est »

La 3ème solution est à mon sens la meilleure. Que l’on considère souhaitable que la France sorte de l’euro - c’est mon cas - ou que l’on ne le souhaite pas, de toutes façons socialiser des pertes privées est d’une part un monument d’injustice, d’autre part une invitation à encore plus d’irresponsabilité. Jusqu’ici cependant, seul le gouvernement islandais a eu la rectitude morale et le courage de choisir cette solution.


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