philouie 8 décembre 2013 11:18

Bonjour à tous,

avant de reprendre sur la question de la violence inconsciente ou plutôt de la violence impensée je veux dire un dernier mot sur la question du désir.

j’ai l’impression d’avoir un peu survolé la question sur la façon dont le dogme de la rédemption réveil le désir.

je veux juste commenter les propos d’Hallaj (puisqu’il semble qu’Hallaj soit le type de musulman qui vous agrée) selon la perspective développée ici. ça m’éloigne de l’ensemble de mon propos mais éclaire le rapport de fond qu’il y a entre esotérisme et exotérisme.

« Lorsque le fidèle s’est conformé à tous les aspects de l’obéissance, il devient libre, il s’acquitte des prescriptions de l’obéissance sans fatigue et sans gêne ; c’est là
l’état des Prophètes et des sïddîqin »

(siddiqin = véridique = digne de confiance , les pieux)

Le désir n’est pas une mauvaise chose en soi. je le défini comme la conscience de l’acte créateur en soi, la libido.
Les animaux n’ont pas de désir : ils vivent la libido comme elle vient, en harmonie avec le vivant.
c’est parce qu’ils sont entièrement soumis à leur libido, qu’il manifeste (différencie) conformément à leur nature de créature , qu’ils vivent en harmonie avec la création.
On a vu que l’homme, prenant conscience de son désir, en arrive à commettre des actes erronés : c’est Caïn qui tue Abel par simple jalousie, la prise de conscience de soi dans la conscience du désir qui donne la conscience de l’autre et dans ce cas conduit au meurtre : je tue il.

Que nous enseigne Hallaj :

 « Lorsque le fidèle s’est conformé à tous les aspects de l’obéissance »

L’obéissance dont il est question ici recouvre aussi bien l’obéissance à la Loi que l’obéissance due au maître par le disciple.
Hallaj nous dit ailleurs, que cette obéissance est la partie extérieure de la voie intérieure.

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que la Loi est la réponse raisonnée à la prise de conscience par la raison du désir. La loi oblige l’individu a ajuster son comportement, non pas selon son seul désir, mais selon l’intérêt communautaire. c’est là la voie extérieure, c’est elle qui permet l’organisation dans la paix, qui évite que la communauté humaine soit une jungle dans la jungle, un monde où les passions sont la règle du jeu et le crime le mode de règlement du conflit.

ensuite :

il devient libre, il s’acquitte des prescriptions de l’obéissance sans fatigue et sans gêne

Le but de la voie est de retrouver l’innocence animale, c’est à dire la vie en harmonie avec la création. On voit alors que la liberté dont il est question est au contraire la parfaite soumission à la fois à la Loi extérieure mais aussi à la Loi intérieure qui est l’Ordre Divin lui-même.

La liberté n’est pas dans le faire n’importe quoi, mais d’agir sans contrainte - c’est à dire en accord avec sa nature profonde - de sorte que le respect, et de la Loi intérieure (divine) et de la Loi extérieure (raisonnée/humaine), se fasse le plus naturellement du monde, illustrant par là que la Loi extérieure - parce qu’elle découle de la révélation - n’est en réalité que l’explicitation raisonnée de la Loi intérieure. Voila pourquoi Guénon dit que la voie intérieure justifie la voie extérieure, parce que la première, fondée sur la connaissance intime de Dieu, confirme celle qui ne repose que sur une lecture externe du texte sacré.


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