philouie 20 décembre 2013 23:27

Un peu de Jean Pierre Lebrun pour la nuit :

« L’objectif novateur des néolibéraux est donc de se mettre le pluralisme comme objectif, et donc de travailler à déconstruire, voire à détruire la notion même de “société” car la notion de commun et de général sont des notions pour eux vides de sens. Les néolibéraux n’inversent pas les valeurs, mais réfutent ce système d’opposition en tant que tel, sa pertinence même ou le fait qu’il désigne une quelconque réalité ». Pour Hayek, le terme de « social » valorise l’intérêt général, mais il faut précisément se méfier de ce qu’il implique, car c’est un désir profondément autoritaire que cette représentation véhicule et implique nécessairement. « L’éthique néolibérale se pose en s’opposant à cette inclination pour l’ordre. Elle propose de débarrasser la théorie et la philosophie politiques des pulsions autoritaires qui les traversent et qui sont logiquement appelées par la vision unificatrice et moniste de la société qu’elles construisent. (95). Toute la théorie sociale du néolibéralisme vise ainsi à démentir l’idée selon laquelle il y aurait besoin d’un “plan” supérieur venant instaurer du consensus entre les individus. […] Et c’est dans cette optique que s’inscrit l’utopie d’une “marchandisation” de la société : le marché est en effet conçu ici comme l’instance permettant le développement d’un ordre spontané qui laisse les individus libres d’utiliser leur propre connaissance pour leurs propres buts » . Ainsi, la forme marché ouvre la possibilité de désindexer la réflexion sur le monde de toute invocation d’une instance transcendante censée unifier et organiser la diversité sociale. C’est cette entreprise de disqualification des cadres d’analyse unificateurs qui aurait, selon Geoffroy de Lagasnerie, séduit Michel Foucault.


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