Taïké Eilée Taïké Eilée 19 décembre 2013 03:02

@ Luc-Laurent Salvador

« Pour ma part, je pense que le souci d’éviter à celui que je reconnais comme chercheur et porteur sincère de vérité de voir sa voix étouffée doit nous pousser à le soutenir autant que possible. »

En dénonçant le montage très réducteur de BFM TV, c’est ce que j’ai eu l’impression de faire. J’ai dit qu’il valait le coup d’être écouté dans la longueur.

« Il sera toujours temps de devenir critique dès qu’il aura la moindre parcelle de pouvoir, ce qui n’est pas le cas actuellement je pense, ni pour lui, ni pour Dieudonné. »

Ils n’ont certes pas le pouvoir, mais de l’influence sur des centaines de milliers (voire millions) de personnes.

« Cette attitude n’est clairement pas journalistique, elle n’est pas neutre, elle est militante ».

Je ne prétends pas à la neutralité d’une dépêche AFP (qui ne m’intéresse pas trop). J’essaie seulement d’être équilibré (militant de l’équilibre ?), de ne pas cacher les informations dérangeantes pour le camp majoritaire (ici les pro-Soral sont plutôt majoritaires, ailleurs ce serait autrement). Sans une once de critique, on aurait pu (à bon droit) m’accuser de militantisme pro-Soral. J’essaie de ne pas faire comme la plupart des journalistes, qui, lorsqu’ils traitent d’un ennemi politique, perdent tout sens de la mesure dans leurs attaques, et inversement lorsqu’ils traitent d’un ami politique. J’ai déjà évoqué ça : sur un site comme AgoraVox, soit on fait de la contre-information, on prend le contre-pied des médias traditionnels, avec les mêmes travers partisans, soit on initie une autre attitude, plus équilibrée, en donnant au lecteur tous les éléments pour juger par lui-même.

« Je pense que nous sommes en guerre. Mais la guerre se fait par les idées. Donc, au contraire, il faut débattre, échanger, aider au changement des représentations. Ce que nous faisons chacun à sa place. »

Je pense que donner de l’information équilibrée (pas forcément exempte d’un certain regard, d’une orientation, mais donnant des éléments contradictoires) peut aider à s’émanciper intellectuellement. Je ne pense pas qu’à une propagande il faille opposer une contre-propagande, mais de l’anti-propagande (des informations sourcées susceptibles de favoriser le doute et la réflexion personnelle).

« Oui, je comprends. Mais comme vous le faites d’une manière qui s’abstient de conclure, vous invitez les gens en somme à tourner en rond dans les marais de l’information au lieu de leur livrer votre conviction ».

J’invite plutôt les gens à penser par eux-mêmes, pas à s’aligner sur moi, si je leur livrais la « solution » au problème. Je crois être plus utile si je mets en mouvement la propre pensée des autres, que si je les rallie à ma propre conviction (si tant est que j’en ai une). En fait, je ne cesse de livrer ma conviction : il ne faut pas s’enfermer dans une conviction, il ne faut pas s’arrêter de penser.

« L’éclaireur n’est pas hors de l’action, dans une « neutralité » hors sol. »

L’éclaireur ouvre une piste, y jette un peu de lumière, mais ne traîne pas de force l’autre sur toute la longueur de la piste.

"Mais cela suppose que vous puissiez dire ce que vous vous voyez, cad, ce que vous vous croyez".

Je ne suis pas sûr que la croyance ou la conviction soit plus haute qu’un regard incertain et ouvert ; parfois, j’aurais tendance à penser que la conviction n’est qu’une étape vers le doute (ou une conscience plus souple du monde), et pas l’inverse. Autrement dit, la conviction ne me semble pas être l’étape ultime... mais une illusion qu’il faut dépasser, pour trouver notre juste rapport à la vérité.

Cela dit, il ne faut pas être rigide sur la position que je viens de décrire, et je ne m’interdis donc pas de livrer en d’autres occasions, et avec moins de pincettes, certaines fortes convictions...


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