JP94 10 janvier 2014 20:06

« L’Amérique » ne reprocha pas à Chaplin de « sortir de son rôle » 


Dès les années 20 , Chaplin eut contre lui l’Amérique bien-pensante avec les campagne des « plumes blanches » .

D’un côté cette Amérique des banques ( la First National est une banque) vit en Chaplin une poule aux oeufs d’or : s’il change de compagnie , c’était pour être plus libre de réaliser les films qu’il voulait !

D’un autre côté , cette même Amérique tenta de le baillonner et de le ruiner : Lita Grey eu 1 million de dollars et Chaplin fut presque contraint de cesser ces films pour cette raison , comme Fatty le fut sur un prétexte et fut interdit de tourner ( mais il tourna sous un faux nom avec Keaton) . Ces génies burlesques dérangeaient .
Chaplin dut fuir à New York avec ses bobines du Kid et les mettre dans le coffre d’un avocat pour qu’elles ne lui soient pas retirées par les avocats de Lita Grey ...

Charlot soldat ( octobre 1918 ) fut déjà censuré ( 1 bobine où il mit sur le même plan tous les belligérants ) .
Charlot pèlerin ( the Pilgrim ) violente satire de l’Amérique religieuse bien pensante , fut le véritable début des ennuis de Chaplin avec cette Amérique réactionnaire .
L’Opinion Publique est peut-être une réponse à cette Amérique-là . 

Lorsqu’il fit venir sa mère , malade , d’Angleterre , elle fut retenue à Ellys Island : eh oui , les Etats-Unis sont un pays d’accueil pour de la main d’oeuvre dans la force de l’âge , pas pour une vieille femme , fût-elle la propre mère de Chaplin , ni même pour des enfants .

La scène de l’Emigrant est une dénonciation forte de la façon inhumaine dont ce pays accueille les immigrants . On retrouve cette idée dans un Roi à New York , lorsque le roi arrive et est soumis aux contrôles .

Jamais Chaplin ne prit la nationalité états-unienne ! 

Effectivement , l’exigence de Chaplin lui fit retourner les scènes des dizaines de fois , et modifier le montage ( déjà pour Charlot fait une cure , court chef d’oeuvre ) jusqu’à la perfection . Il testait aussi ses gags dans les petits Nickelodeon , car un bon gag doit être compris ( par exemple le gag de l’auto au début des Feux de la Rampe ) sans pour autant être galvaudé .

Pour la Ruée vers l’Or , après bien des tentatives en milieu naturel , il dut opter pour les studios .

Chaplin est aussi un maître-monteur . Le montage de tous ses films est magistral , et donne un sens plus profond encore aux images .

L’Amérique n’en avait pas fini avec lui : car le Dictateur , durant son tournage fut menacé d’être interdit , les banques allemandes , liées au nazisme , contrôlant Hollywood . La critique politique et sociale de Chaplin est radicale et il n’en transigea jamais .

Et il dut fuir dramatiquement les USA au moment du maccarthysme : rien à voir avec « sortir de son rôle » . Le rôle du cinéma pour Chaplin n’est jamais cantonné au divertissement .
Et il ne put jamais y revenir ! Ce fut Oona qui dut revenir .
Chaplin fut donc persona non grata de ce pays qu’on présente plus souvent sous sa facette de terre d’accueil .

Il resta aussi très proche de son frère Sydney et ses enfants poursuivent des carrières d’artistes tout à fait dans la lignée de Chaplin . Ils sont vraiment de sa lignée .

Quant aux sociétés qui restaurent les films ... ça reste des sociétés .

Chaplin a donc encore à nous apprendre .

Il est toujours du côté du vagabond . Et le regard de la société sur les vagabonds n’a pas tant changé depuis Charlot . Donc non seulement Charlot n’a pas pris une ride mais il a encore des longueurs d’avance sur les mentalités .







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