Mammon 10 février 2014 14:31

Philippe,

Vous mettez le doigt sur un problème très complexe, qui touche des millions de nos concitoyens au portefeuille en ces temps de crise, mais vos conclusions sont un peu simplistes, par manque d’informations probablement.
Il est indéniable que d’année en année, la part de dépense santé chez les ménages augmente, en corrélation avec le montant des dépassements d’honoraires des médecins (ainsi que les frais dentaires, d’optique, d’audioprothèses etc.).
Or, il y a bien un élément qui reste constant : le montant des remboursements des soins par la Sécurité Sociale, montant gelé pour beaucoup d’actes depuis plus de 30 ans sans même suivre la courbe de l’inflation.
Pourtant, les honoraires des médecins sont en hausse : cela est du à l’augmentation de leurs charges, qui va de l’obligation à moderniser leur exercice (et du coup des dépenses importantes pour se former et investir dans du matériel moderne), à l’augmentation de leurs primes d’assurances responsabilité civile (du fait du nombre, pour le moment faible mais croissant de procès), de nouvelles normes à respecter (stérilisation, accès handicapés en 2015 etc.) et bien d’autres encore.
Du coup, leurs revenus propres (bénéfice net avant impôt) ne suit pas du tout la même courbe que les dépassements d’honoraires douloureusement perçus par leurs patients, loin de là même.
Il est absolument indéniable que certains dépassements atteignent des montants exorbitants qui vont à l’encontre « du tact et mesure » imposés aux médecins, mais le très faible nombre de spécialistes dans certaines disciplines (les ophtalmologistes par exemple) et la très forte demande des patients crée malheureusement un mécanisme inflationniste, comme l’immobilier à Paris...
Pour résumer, la hausse des restants à charge des médecins résulte d’une part de l’absence d’évolution des prises en charge par l’Assurance Maladie (malgré la hausse des cotisations) devant la montée des charges imposées aux médecins, et d’autre part du nombre insuffisant de ceux-ci dans beaucoup de spécialités. C’est avant tout une faillite du politique, tous bords confondus, qui n’a pu anticiper les évolutions, plutôt qu’à une supposée avidité des médecins dont beaucoup travaillent beaucoup plus que le salarié moyen, au sacrifice parfois de leur vie de famille et même de leur santé.


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