Fab81 24 avril 2014 15:18

 « Et qu’est-ce que la gauche non solferiniste a à dire sur le libre-échange ? »

Elle ne vous a pas attendus pour dénoncer les méfaits du libre-échangisme à tout crin, et notamment du projet de Grand Marché Transatlantique. Le FN, lui, dénonce ce projet euro-américain devant les caméras, mais, tout comme l’UMP et le PS ne vote pas les résolutions proposées aux conseils régionaux pour faire des zones hors-GMT...

« Sur l’immigration dont tout le monde sait qu’elle est voulue par le patronat ? »

Que veut le patronat ? Une main d’oeuvre taillable et corvéable à merci. Il la trouve à l’étranger, avec les délocalisations. La casse du code du travail, qui laisse le FN totalement indifférent (quand il ne l’encourage pas !) , va aussi dans ce sens... L’épouvantail de l’immigré voleur d’emploi, une vieille ficelle de l’extrême-droite pour faire diversion. Certaines questions la dérangent, partagée qu’elle est entre ses vieilles convictions reaganiennes et son discours « social » pour attirer l’électorat populaire...

Je ne nie pas que la main d’oeuvre sans-papier (qui ne peut revendiquer ses droits qu’au prix de gros risques) peut être bien utile au patronat de certains secteurs. Mais qui lutte le plus efficacement contre cette forme d’exploitation ? L’expulsion systématique (perspective par ailleurs peu réaliste), c’est donner un moyen de pression supplémentaire au patronat. La régularisation des travailleurs sans papiers, au contraire, leur redonne une capacité revendicative, et profite directement aux travailleurs français en limitant la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail...
Pour la gauche (la vraie !) « le problème, ce n’est pas l’immigré, c’est le banquier ». Le FN pense l’inverse. C’est son droit, mais qu’il n’aille pas se prétendre défenseur des travailleurs...

« Sur l’Europe ? »
La gauche digne de ce nom a pris conscience depuis longtemps des méfaits de l’Europe libérale. Elle s’est battue pour le NON en 2005, a été bien seule à dénoncer la forfaiture de la ratification du traité de Lisbonne, puis la trahison de Hollande signant sans discuter ce qu’il avait promis de rediscuter. Aujourd’hui, le Front de Gauche propose une vraie démarche de rupture en désobéissant en traités européens. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de vous dans ce domaine !

« Sur l’Islam »
Il peut y avoir des visions quelque peu différentes au Front de Gauche sur le sujet. Mon parti, pour sa part, est de tradition résolument laïque. A titre d’exemple, nos élus au Conseil de Paris s’étaient opposés à l’Institut des Cultures d’Islam, car cela constituait le financement déguisé d’un lieu de culte. Mais comme nous ne pratiquons pas, nous, une laïcité à géométrie variable, ils se sont également toujours opposés aux subventions pour les crèches Loubavitch.Nous n’avons aucune indulgence pour les minorités intégristes qui menacent les valeurs de la République, toutes religions confondues. Mais nous refusons de les prendre comme prétexte pour montrer du doigt telle ou telle religion en particulier, et attiser ainsi les peurs et les haines à des fins électoralistes. Qui respecte nos lois et nos valeurs a le droit de pratiquer librement sa religion sans être désigné à la vindicte populaire...

Sur la souveraineté de la France ?
Nos gouvernements se sont mis entre les mains de Bruxelles, instrument bien commode pour faire échapper les politiques néo-libérales à la souveraineté populaire. Que faire ? Avant tout remettre de la démocratie dans tout cela, casser ce système écrasant la volonté des peuples (cf. la question sur l’Europe). Sur la question de la souveraineté, certains parmi nous la conçoivent essentiellement dans un cadre national. D’autres sont plus nuancés...

Rien, elle est coincée par son internationalisme bébête.
Internationalisme oui, mais certainement pas internationalisme naïf tel que vous le concevez ! Tous les partis de la gauche digne de ce nom n’ont pas évolué au même rythme sur cette question. Mais en ce qui nous concerne, notre réflexion a beaucoup évolué.

Ca la rend inaudible.
Inaudible, je ne crois pas. Mais il est évident qu’une force politique qui porte un discours politique complexe peinera toujours plus à se faire entendre qu’une bande de démagogues qui cherche avant tout à séduire l’électorat. Nous n’adoptons pas la démarche de marketing politique d’une Marine Le Pen, qui cible des clientèles, adapte ses positions et son discours pour leur plaire. Le FN tient le discours qui peut lui rapporter des voix, nous disons ce qui nous semble juste... Du reste, pour être audible, encore faut-il avoir la parole. Et nous ne sommes pas comme Marine Le Pen qui passe son temps à la télé à claironner qu’elle ne passe pas à la télé puisqu’on la censure...


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