
Merci pour votre appréciation positive.
A vrai dire je me méfie des « lieux de mystères » Puisque sur le plan de la méthode ils constituent des « boites noires » qu’il est difficile de décrire. J’y fais indirectement allusion lorsque je rappelle que le culte de Delphes était originellement lié à celui de la déesse mère Gaïa, des rites très anciens liés à la culture minoenne aussi bien que celle indo-européenne (au sujet de la transmission d’un savoir poètique par la classe des prêtres : " tradition qui s’est perpétuée par exemple dans les védas hindoues, ou dans la tradition des bardes, scales et autres aèdes. Ce savoir, qui avait une grande importance dans la société, était détenu par la classe des prêtres, qui s’est perpétuée par exemple avec les druides.
De plus, comme chez ces derniers, la religion se pratiquait
généralement dans des sanctuaires naturels plutôt que dans des temples« note 17).
Ce qu’il en ressort c’est cette tradition de consultation des oracles ou de la pythie avant toute entreprise personelle ou collective. Tradition que je relie à la croyance en un ordre spirituel ou surnaturel qui dirige le monde et donne à chaque existence sa place dans l’univers ou le sens de sa destinée. Je pense qu’il fallait y faire allusion pour comprendre les bases idéologiques qui fondent l’ordre social et légal et pourquoi les grecs de l’antiquité accordent tant d’importance dans la vie sociale aux rites, aux sacrifices. Comment aussi chaque entreprise était soumise aux auspices pour en vérifier la légitimité et les chances de succès.
Ces questions ne doivent pas rester dans l’ombre puisqu’elles viennent jusqu’à nous sous différentes formes souvent insoupçonnées. Les notions de guerre sainte, de juste cause imprègnent toujours nos représentations collectives et nos pratiques. Elles seront transmisent jusqu’à notre époque par exemple par la cérémonie de l’inauguration d’ouvrages publics : » inauguration (du bas latin inauguratio « consécration d’un lieu ou d’une personne par une cérémonie solennelle », du latin augur, « augure » [*]) est une cérémonie solennelle destinée à marquer le début du mandat d’un homme (sacre, investiture,
intronisation de souverains, élection d’un magistrat, mandat politique
d’un dirigeant), à célébrer l’achèvement d’un monument ou à mettre
officiellement en service un lieu public (aéroport, exposition).« http://fr.wikipedia.org/wiki/Inauguration Au sens ancien l’inauguration était une cérémonie de divination pendant laquelle on interrogeait les auspices c’est à dire : »Présages envoyés par les dieux via le vol, le chant des oiseaux ou par la manière dont mangeaient les poulets sacrés." Les romains consultaient les entrailles d’animeaux sacrifiés lors de ces cérémonies. A l’origine le pontifex etait un représentant de la magistrature romaine chargé de surveiller le pont sacré sur le Tibre. En général la construction d’ouvrages était placé sous l’autorité sacerdotale qui veillait à ce que ces entreprises ne dérangent pas l’ordre divin et en consacrer aux dieux le bon achèvement.
Donc le mystère en lui-même chacun peut en avoir une libre appréciation même s’il est difficile d’en préciser objectivement la portée on ne peut en nier la fascination et la force émotionelle. Ce qui importe ici c’est de constater que le modèle culturel antique se base sur ces traditions anciennes, sur cette hiérarchie stricte, sur ces valeurs spirituelles qui auront une influence réelle sur les représentations et pratiques sociales, qui vont déterminer des contraintes et des priorités plus ou moins diffuses au sein de cette civilisation (dont nous sommes aussi héritiers et qui nous détermine à notre insu). Le risque étant de s’enfoncer dans une sorte de mystique, une irrationnalité qui nous priverait d’une certaine capacité de prise de distance et d’observer les autres éléments du système culturel en particulier et l’interaction de ces éléments pour expliquer le dynamisme et l’efficience du modèle social en général.
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[1] L’augure, divination qui consistait primitivement dans l’observation du chant et du vol des oiseaux (l’ornithomancie), de la manière dont ils mangeaient ainsi que l’interprétation des phénomènes célestes, tels que la foudre (la brontoscopie), et des prodiges, leur venait de l’Etrusca disciplina, l’ensemble des pratiques divinatoires étrusques. http://fr.wikipedia.org/wiki/Augure
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