Jean-Dominique Reffait (---.---.116.239) 8 novembre 2006 12:46

Je découvre cet article et les commentaires qui le prolongent. Je suis Franc-Maçon du GO, je ne m’en cache pas, je signe de mon nom partout où j’interviens sur ce sujet.

La franc-maçonnerie n’est ni supérieure ni inférieure à d’autres modes d’engagement de la vie associative. Elle a ses particularités qui font que certains, comme moi, préfèrent y adhérer plutôt qu’à un autre type d’associations. Principale particularité : l’échange entre personnes très différentes. Je cotoie des frères riches ou pauvres, de droite ou de gauche, croyants ou non, intellos ou manuels, de toutes couleurs et de toutes origines. C’est une richesse que je ne pense pas trouver ailleurs.

Autre particularité : la fraternité. C’est une chose qu’il est difficile d’expliquer parce que, en entrant en maçonnerie, on n’y croit pas soi-même ! Et pourtant, ça marche : il se noue entre frères une relation d’amitié forte, fraternelle, qui est en grande partie due au fait que nous partageons ensemble non pas des idéologies mais des sentiments. Nous sommes proches les uns des autres par le coeur avant de l’être par l’esprit. Cette fraternité est évidemment renforcée lorsqu’on demeure fidèle à une loge et que l’on peut ainsi construire ces relations amicales dans le temps. Les maçons « voyageurs » ont plus de mal sans doute à s’accrocher à leurs frères.

La franc-maçonnerie peut se révéler décevante pour certains, comme notre auteur. Cela n’altère en rien l’estime que l’on peut porter à quelqu’un s’il décide de ne plus être maçon : son chemin passe par ailleurs, il s’ennuie, il est déçu, il part. Il y a des gens admirables en maçonnerie et encore plus à l’extérieur. J’en connais plusieurs qui ne s’y retrouvent plus, qui choisissent d’autres engagements : ce sont toujours des frères car l’amitié qui s’est nouée ne disparait pas.

La presse nous rend compte à sa manière de la vie maçonnique. Les journalistes sont dans l’incapacité de percevoir la vie des loges, alors ils se concentrent sur l’écume des obédiences. Une obédience comme le GO, avec 47000 membres, est forcément un lieu de pouvoir pour ceux qui veulent la diriger. Il en est ainsi de toutes les grosses associations, de tous les syndicats ou partis politiques. Je dirais même, en connaissant le fonctionnement des syndicats ou des partis politiques, que la lutte de pouvoir au GO font un peu « amateur » ! Le comportement puéril de certains, comme Alain Bauer, significatif à cet égard. Toutefois, il faut bien savoir que les enjeux obédientiels n’ont que peu d’influences sur la vie des loges : telle loge sera très active, telle autre ronronnera. Mais aucune n’attend de l’obédience une quelconque marche à suivre. Pour ne citer que ma loge, modeste loge de la banlieue parisienne, nous menons des actions publiques sans nous préoccupper de l’obédience. Je vous invite à visiter le site www.ecoledelarepublique.fr dont ma loge est à l’origine et qui regroupe aujourd’hui beaucoup de non-maçons.

L’affairisme : On en parle plus qu’il n’y en a. Lors de l’affaire URBA, la loge qui fut visée par les enquêtes était en fait une loge qui regroupait beaucoup de responsables d’entreprises du BTP. C’est cette spécificité professionnelle qui a été à l’origine des affaires conclues entre membres. Pour ma part, je ne travaille pas avec des maçons car je ne veux pas polluer ma relation fraternelle avec des questions professionnelles. Et je puis vous dire qu’il y a une grande majorité des soeurs et de frères qui fonctionnent ainsi.

Les mythes anti-maçonniques : ils ont toujours existé. Secte, OTS, loge P2, secret douteux, rites suspects. Il faut d’abord savoir qu’il n’y a pas de copyright sur l’appellation Franc-Maçonnerie : n’importe qui peut se propulser grand maitre d’une loge maçonnique qu’il vient de créer dans sa cave. La reconnaissance est le seul élément de régularité maçonnique. Une loge sauvage, indépendante, sans reconnaissance n’est pas une loge maçonnique, même si elle en a le nom.

La loge P2 est significative à cet égard : des membres de la CIA, associés à des patrons italiens et à la pègre se sont regroupés au sein d’une pseudo-loge P2 pour lutter contre la montée en puissance du parti communiste italien. Rien de maçonnique la-dedans, même si elle en a pris les décors.

En conclusion, je suis bien conscient de la nécessité d’une ouverture importante de la franc-maçonnerie, pour tordre le coup aux fantasmes ridicules. C’est ce que ma loge effectue avec son site internet : http://www.godf-eauvive.org qui présente sans fard l’actualité maçonnique et qui permet, sur son forum, aux non-maçons de discuter avec les frères sur tous les sujets, sans tabou.

Bien fraternellement à tous et toutes


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