César Castique César Castique 2 juillet 2014 10:24

Excellente causerie, qu’il faut lire, lire et relire encore. Je n’ai nulle part appris autant sur l’homme de gauche qu’au travers des propos de M. Frédéric Lordon qui, s’efforcant louablement à un réalisme qui n’est pas de son biotope idéologique, finit tout de même par se prendre les pieds dans les chimères récurrentes de son projet politique.

«  …des Hommes tels qu’on voudrait qu’ils soient : altruistes, dédiés au collectif, ayant abandonné la poursuite de leurs intérêts égoïstes, etc… Sauf que les Hommes ne sont pas ça. Ou plutôt ils peuvent très bien être ça parfois. »

Mais jamais tous à la fois, et jamais dans la durée. Il y a, dans les débuts, une exaltation collective, une euphorie, une ivresse qui, comme l’autre, finit pas se dissiper : c’est le retour, au galop pour certains, au trot pour d’autres et au pas pour d’autres encore, de ce fameux naturel, qui n’épargne qu’un noyau dur très limité, les fanatiques.

« … on ne peut pas partir de l’hypothèse qui nous arrange et postuler que les Hommes sont ça plutôt que le contraire de ça, car la vérité est qu’ils sont capables des deux. En revanche on peut former le projet, indissolublement politique et moral d’ailleurs, que les Hommes deviennent davantage ça, et moins le contraire de ça. »

Et c’est là qu’on commence à buter ceux qui ne sont vraiment pas assez ça, et beaucoup trop le contraire de ça, pour être rééducables. Parce qu’on croit, chez les gens comme M. Frédéric Lordon – on n’a pas le choix – que l’éducation permet, et la rééducation dans les cas les moins aigus, de corriger cette nature humaine que nous tenons de centaines de milliers d’années de vicissitudes incontrôlables, tout en refusant de voir qu’elle est innée en chacun de nous, et qu’elle sera encore en chacun après des générations d’individus contraints et forcés d’être « davantage ça et moins le contraire de ça ». Pour cette raison toute bête qu’être « davantage ça et moins le contraire de ça  », n’est pas héréditaire.


Et cela nous ramène au véritable échec du communisme. Il ne se situe ni sur le plan de la démocratie, ni sur celui de l’économie, ni sur celui de la planification de la production et de la distribution, mais sur son impuissance à générer une masse d’individus « altruistes, dédiés au collectif, ayant abandonné la poursuite de leurs intérêts égoïstes, etc… », ou plus modestement «  davantage ça et moins le contraire de ça  »,


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