ELAA 18 août 2014 12:44

Bonjour,



Il y a exactement un mois, en Belgique.



mon beau-père belge s’est fait hospitaliser à Bruxelles suite à une longue maladie. Son état ne lui permettait plus de vivre sans de multiples machines, aide-respiratoire et autres tubes émanant de chaque partie de son corps. Il avait été très clair depuis toujours : « Je refuse tout acharnement thérapeutique : s’il n’y a aucun espoir, laissez-moi partir ». 



Pendant deux semaines, il est resté hagard, le regard vide, drogué à l’extrême pour ne pas souffrir. Puis les médecins ont baissé les doses. Il est revenu peu à peu à lui.



Je ne connaissais pas la position de la Belgique concernant l’euthanasie. J’ai donc été étonnée d’entendre le médecin demander :

« Voulez-vous continuer les traitements ? »

Oui, hoche-t’il de la tête.



La troisième semaine, il est beaucoup plus agité : la souffrance semble grandissante, le traitement ne fonctionne pas. Tous ses signes vitaux sont dans le rouge. Les infirmières nous signalent qu’il demande à tout arrêter. Nous savons que c’est son souhait, mais nous devons patienter : il faut que sa demande soit répétée.


Et ainsi, pendant 5 jours, il va répéter tous les jours qu’il souhaite arrêter. Il pleure, il ne veut plus vivre ainsi. Le sixième jour, il joint les mains dans une supplique sans équivoque : c’en est trop.


Alors la famille se réunit autour de lui, dans cette petite chambre d’hôpital. Le médecin de garde nous explique la procédure : quand nous nous sentirons prêts, ils appuieront sur un bouton, et le père s’endormira paisiblement.


Dernières paroles échangées…

Derniers baisers…

Calme, douceur, amour… soulagement.

Il s’est endormi paisiblement, chacun de ses enfants lui serrant les mains.



Tout ce que j’ai ressenti, c’est de la sérénité, une mort belle, une mort digne, paisible : nous avions tous pu ETRE LA, près de lui, lui dire au revoir, une toute dernière fois. Le calvaire avait assez duré, trois semaines, c’était déjà trop !



Pas de souffrance inutile, pas d’hypocrisie, pas de faux principes moraux : un accompagnement serein, en présence du corps médical.

Pas de doute, pas de remords pour la famille qui reste.


Je suis française et je me suis dit : nous avons beaucoup à apprendre de la Belgique dans ce domaine.


Racontant mon histoire à une collègue, elle a souligné cette CHANCE : elle a elle-même perdu son beau-père, en France. Il était bien plus âgé, bien plus malade, et son calvaire a duré 3 MOIS, 3 MOIS de souffrance, avant que l’un de ses enfants hurle dans l’hôpital, crie sur les médecins pour qu’ils acceptent d’abréger ses souffrances en augmentant, détournant le regard, la dose de morphine…



De quoi avons-nous peur ? 



Les grands principes moraux tombent quand on est confronté à la douleur d’un proche qui souhaite partir avec dignité.



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