Céline Ertalif Céline Ertalif 21 novembre 2006 23:21

Dans le cadre même du titre consacré à cette série d’articles, je pense qu’il y a d’abord lieu de critiquer l’obsession économique. Je suis étonnée que l’on parle beaucoup aujourd’hui d’éducation, par exemple, sans discuter la caractère taylorien de l’organisation scolaire : il s’agit toujours de former des gens qui devront être plus productifs et plus consommateurs. Les vrais objectifs restent dans le non-dit (comme d’hab !).

On peut souligner aussi que le libre-échangisme libéral est de moins en moins libre et de moins en moins échangiste avec la montée très visible des droits et brevets qui, plus que les taxes, mettent en place de nouveaux octrois et privilèges. Les frontières elles-mêmes retrouvent un rôle important dans la concurrence entre les marchandises qui circulent en cloisonnant les mains d’oeuvre et la fiscalité. Tout cela mis bout à bout rappelle autant l’ancien régime que la modernité. La plus ancienne vérité sur le capitalisme, c’est qu’il repose sur une combinaison du marché et de la capitalisation (l’accumulation disait Marx) et que, naturellement, la capitalisation n’est rien d’autre que ce qui ne s’échange pas.

Je suis en accord avec le fond avec cet article, cependant il est accueilli avec un scepticisme un peu inquiétant. Comment y répondre ? Peut être en revenant avec moins de complexe dans la bataille idéologique en soulignant que la diminution du travail est un bien, que la réappropriation du temps, de l’environnement et de la technique (oui, je souligne bien de la technique) est un objectif. Le travail lui-même doit sortir de l’horizon marchand.

Je suis assez frappée d’entendre ces derniers temps Christine Boutin reprendre le thème de l’allocation universel - pour revaloriser le travail, dit-elle, pour justifier sa distinction de la gauche. Il y a une cohérence avec sa prise de position dans le débat sur la DADSVI.

Les premiers commentaires ci-dessus soulignant le caractère utopique de l’article sont symptômatiques de l’ambiance actuelle, très défaitiste sur les capacités d’une rénovation politique capable de modifier les règles sociales. Je crois que ce pessimisme est aveugle et que nous rentrons, au contraire, dans une phase de turbulences assez profondes.


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