Christian Labrune Christian Labrune 5 septembre 2014 23:06

Henri,

Je ne parlerais pas de l’histoire passée du peuple juif si je n’entendais pas sur ce site réciter quotidiennement les histoires à dormir debout de la propagande palestinomaniaque. Et celle-ci en particulier : les Juifs auraient spolié les « Palestiniens » d’une terre sur laquelle ils n’auraient eu aucun droit. A ce compte-là, s’il faut se rallier à la logique du premier occupant, qui n’est pas la mienne, les Juifs étaient là avant tout le monde et il y a eu constamment, depuis l’antiquité, une présence des Juifs dans la région, surtout en Galilée.

Cela dit, et c’est une constante dans l’histoire, quand il y a des guerres, les frontières changent, et les peuples sont bien forcés de se réorganiser autrement. C’est ce qui va arriver prochainement en Irak où vont probablement éclater les frontières dessinées en 1923 au traité de Lausanne. Les Arabes palestiniens avaient refusé l’intégration des Juifs dans la Palestine mandataire, ils sont allés plus loin, ils ont prétendu leur faire la guerre et les exterminer. Mauvais calcul : leurs armées ont été très vite ratatinées et je ne vois rien de choquant dans le fait qu’un peuple agressé, menacé d’extermination et finalement victorieux prenne toutes dispositions, y compris des annexions de territoires, pour n’avoir plus à faire face à la même menace.

Je ne comprends rien à vos considérations sur Jésus et la trahison de Judas. Le judaïsme est la religion de la tribu de Juda, l’une des douze tribus de l’Israël biblique, la seule qui ait à peu près survécu après l’exil à Babylone, au sixième siècle avant notre ère, et le mot judaïsme ne dérive évidemment pas du nom de Judas l’Iscariote dans les évangiles, mais de celui de cette tribu.

La shoah n’a jamais exercé sur moi cette espèce de fascination malsaine qu’analyse très bien un Jacques Tarnero et qui aura suscité tant de récits, de films et de fictions que je préfère ignorer. J’en peux suffisamment concevoir l’horreur, je ne vais pas m’y complaire. Il faudrait pouvoir l’oublier si c’était possible puisqu’on ne peut plus rien pour les morts. Mais le problème, c’est que cette horreur-là est toujours à l’ordre du jour dans le programme explicite des iraniens comme dans celui des nazis du Hamas. Sans l’intervention de la police, à Sarcelles, on aurait eu aussi un pogrom. J’entendais dire ce matin sur France culture que cinq mille Français Juifs, cette année, avaient préféré partir s’installer en Israël. C’est extrêmement inquiétant.

Je crains fort que ce que vous écrivez d’une coexistence pacifique des trois religions en Afrique du nord ne soit un peu optimiste. On évoque toujours aussi l’Espagne sous le Califat des Omeyyades, à Cordoue. Mais quand on lit des historiens sérieux, on voit bien que c’était très loin d’être édénique, et il règne en Tunisie actuellement un antisémitisme absolument écoeurant que le printemps arabe n’aura pas même atténué. J’ai vu naguère un reportage sur un groupe de pèlerins israéliens qui s’étaient rendus dans l’une de ces très vieilles synagogues. L’organisation avait posé de grosses difficultés du côté des autorités, et l’appareil policier, sur les images, paraissait énorme. Au reste, combien reste-t-il de Juifs en Tunisie ? Sûrement pas beaucoup plus que dans les autres pays arabes qui les ont chassés systématiquement. Il y a deux millions d’Arabes en Israël, mais dans l’hypothèse d’une solution à deux états, l’Autorité palestinienne, excluait tout à fait la possibilité pour des Juifs de vivre sur les territoires qui lui reviendraient. Palestine « judenrein », comme on dirait outre-Rhin. C’était du moins la position d’Abou Mazen il y a encore un an ; après les discussions avec Kerry, je ne sais pas. J’espère que ça évoluera, mais je ne suis guère optimiste.



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