bright nantes michel naud 20 novembre 2006 05:32

Bonjour T.B.

On ne peut malheureusement pas porter crédit à vos affirmations à propos de l’accident de Tchernobyl ; puisque Stéphane Lhomme considère qu’il est possible de s’appuyer - dans une perspective antinuc - sur les études de l’AIE, je suppose, a fortiori que l’on peut s’appuyer raisonnablement sur ceux de l’organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’évaluation des conséquences sanitaires et humaines de l’accident de Tchernobyl. L’an dernier a été publié le rapport ‘Chernobyl’s Legacy : Health, Environmental and Socio-Economic Impacts’ ; il est disponible en ligne sur internet ; la même antenne nantaise de l’association française pour l’information scientifique en a publié les conclusions en français dans son bulletin # 17 lisible en ligne à l’adresse http://afis44.free.fr/anais17.htm .

On y lit notamment : • Environ un millier de membres du personnel du réacteur qui travaillaient sur le site et de membres des équipes d’intervention ont été fortement exposés à des doses de rayonnements très élevées le premier jour de l’accident ; sur les plus de 200 000 de travailleurs affectés à ces équipes ou chargés d’assurer le retour à la normale en 1986 et 1987, 2 200, selon les estimations, pourraient décéder des suites d’une radio-exposition. • On estime à 5 millions le nombre de personnes résidant actuellement dans des zones du Bélarus, de la Russie et de l’Ukraine contaminées par des radionucléides à la suite de l’accident ; environ 100 000 d’entre elles vivent dans des zones classées précédemment par les autorités gouvernementales comme zones ‘strictement contrôlées’. La classification actuelle des zones doit être revue et assouplie à la lumière des nouvelles conclusions. • Quelques 4 000 cas de cancer de la thyroïde, essentiellement chez des enfants et des adolescents au moment de l’accident, sont imputables à la contamination résultant de l’accident, et au moins neuf enfants en sont morts ; toutefois, à en juger par l’expérience du Bélarus, le taux de survie parmi les patients atteints de ce type de cancer atteint presque 99 %. • La plupart des membres des équipes d’intervention et des habitants des zones contaminées ont reçu des doses à l’organisme entier relativement faibles, comparables aux niveaux du fond naturel de rayonnement. Aucune indication ni probabilité d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni aucune indication d’une augmentation des malformations congénitales pouvant être attribuées à une radio-exposition n’a donc pu être établie. la suite sur http://afis44.free.fr/anais17.htm

Vous constaterez qu’on est très loin, avec plusieurs ordres de grandeur de différence, des désinformations que vous propagez.

Contrairement à ce que vous semblez suggérer, vous ne me verrez jamais écrire que « Tchernobyl c’est du passé » ; par contre vous me verrez préconiser d’analyser rationnellement ; la première exigence d’une approche rationnelle c’est d’ « instruire sur la base des faits » et non pas des fantasmes ; cela est vrai aussi bien pour l’examen des impacts de cet accident sur l’environnement et les sociétés humaines que pour l’examen des facteurs technologiques et humains qui ont conduit à la survenue de cet accident en 1986.

En ce qui concerne la définition de « lobby », le « trésor » donne la définition : « Groupement, organisation ou association défendant des intérêts financiers, politiques ou professionnels, en exerçant des pressions sur les milieux parlementaires ou des milieux influents, notamment les organes de presse. » Il est donc parfaitement fondé, y compris sur le plan d’un usage correct de la langue française, de parler de lobby antinucléaire. Bien sûr les antinucs ne manquent pas de souligner que si il y a des citoyens et des citoyennes, comme moi, qui, contre vent et marées, défendent leur point de vue pour « plus de science » et « plus de nucléaire » à une échelle planétaire, pour reprendre les expressions qui ne plaisent pas à Stéphane Lhomme, il y a bel et bien des groupements financiers et professionnels qui trouvent un intérêt économique au développement nucléaire ... Mais, cet argument peut être retourné de la même façon contre les citoyens et les citoyennes qui préconisent de « sortir du nucléaire » ... j’ai cru constater au fil quotidien de l’actualité mondiale qu’il pourrait y avoir des groupements financiers et professionnels qui trouvent un intérêt économique au développement de l’utilisation des énergies fossiles (pétrole ... charbon ... gaz) ... non ? ... et même des énergies renouvelables (il ne faut peut-être pas être des « enfants de chœur »).

Michel Naud


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