Éric Guéguen Éric Guéguen 22 septembre 2014 12:19

Bien sûr qu’ils s’en sont réclamés, il est toujours bon de se dire dans le prolongement d’un maître à penser, surtout d’un homme aussi profond que Leo Strauss.
Mais il faut rappeler d’une part que Leo Strauss est mort en octobre 1973, au moment précis du premier choc pétrolier, et que c’est à peu près à cette date que le monde a commencé à s’enfoncer dans la fange (sans son aide, donc), et que d’autre part sa profonde connaissance de la philosophie classique (Thucydide-Platon-Aristote-Xénophon) doublée de sa grande maîtrise de la philosophie arabo-musulmane (Farabi notamment), va au rebours de l’impérialisme américain contemporain. D’autre part, il n’est pas connu pour s’être engagé aux côtés de tel ou tel candidat, la science politique moderne étant à ses yeux une dégénérescence de la philosophie politique classique.
 
Vous savez, on est allé jusqu’à prétendre que des gens aussi opposés que Fukuyama ou Huntington étaient de ses élèves. En fait, il est devenu un repoussoir bien commode (parce que mort), un mal incarné à partir duquel on crée des liens de parenté pour disqualifier les propos d’un adversaire. Vous savez sûrement comment on appelle ça, car ça a énormément de succès sur le net : la Reductio ad Hitlerum. Et Strauss avait prévu ce réflexe idiot et typiquement moderne, puisqu’il est lui-même à l’origine de cette expression dans son essai Droit naturel et Histoire (en 1952 il me semble).


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