Bovinus Bovinus 9 octobre 2014 22:28

@ Isga
-
Mais aucune des personnes que vous citez n’a unifié la Russie. C’est comme si vous disiez que la Nation Française a été créé par la Royauté. C’est totalement faux.
-
Ok. Dans ce cas, je vous rétorquerais que votre jugement dépend de votre définition de la « Nation ». On considère dans les « milieux autorisés » (je reprends à dessein l’expression ironique de Coluche, mais je suppose que vous comprenez ce que j’entends par là), qu’il existerait deux définitions « majeures » du concept de nation - la définition française, de E. Renan et la définition allemande, de Fichte.
-
J’ai une compréhension différente, qui tient de ma propre culture. La Russie n’est pas un État-nation à l’européenne, même si on voit en effet une nette consolidation « culturelle » depuis la révolution bolchévique. Je crois savoir que l’origine en est une monographie de Staline sur la « question des nationalités » (en russe, nationalité = peuple, ethnie) qu’il avait rédigée à la demande de Lénine et qui avait beaucoup plu à ce dernier. C’est aussi le point de départ de l’ascension de Staline dans l’appareil politique.
-
Par ailleurs, certains historiens voient des avancées très considérables dans l’ « unification » de la France dès Louis XIV, et même d’autres qui le précèdent.
-
Toutefois, je crois comprendre que vous envisagez la question sous un angle essentiellement culturel. Exact ?
-
C’est la Révolution Française qui va unir tout ça en un gros blougibouga unique qu’on appelle « LA culture française », et qui n’est rien d’autre que le substrat bourgeois nécessaire au commerce (Un peu comme l’UE va unir toutes les cultures européennes pour unir le commerce européen).
-
Si l’on se base surtout sur l’aspect culturel, vous avez raison, pour le cas français ; pour le cas russe, j’aurais quand même quelques grosses réserves.
-
L’unité culturelle et linguistique n’est toujours pas totale, ce qui je vois plutôt comme un avantage qu’un handicap. Tous parlent le russe, certes, mais par contre, pas forcément très bien, et par ailleurs il n’est pas la langue maternelle de pas mal de monde (en fait, la plupart des peuples et ethnies non slaves composant la Fédé). Pour l’aspect culturel, il y a déjà tout ce qui découle du fait linguistique, mais aussi, les conditions économiques, climatiques, géographiques, etc., qui forcent certains peuples à conserver leurs traditions (la tradition, c’est vaste, ça comprend le savoir-faire, les techniques de survie, etc.).
-
Il y a aussi la question religieuse qu’on a zappé, mais elle est de taille - les 3 courants religieux majeurs à part l’orthodoxie, c’est l’Islam, le judaïsme et le bouddhisme centre-asiatique. L’animisme, c’est encore autre chose. C’est évident que des stéréotypes culturels majeurs découlent du fait religieux. Le pouvoir soviétique avait essayé de régler la question « en force », en imposant simplement l’athéisme comme pseudo-religion d’État, mais ça a eu des résultats inégaux et mitigés. Aujourd’hui, on voit, sans doute par réaction, un fort renouveau du fait religieux.
-
La Russie n’a aucune unité culturelle, linguistique, monétaire, culturelle, avant la Révolution Bolchevique. Ce sont les Blochéviques qui les premiers vont unifier l’ensemble du territoire Russe en une seule Nation.
-
Globalement d’accord, sur la première phrase. La Russie était un empire jusqu’à la révolution, d’ailleurs, on employait officiellement le terme d’Empire russe soit celui encore plus imprécis d’État russe. Jamais celui de nation. En fait, on ne l’emploie même pas aujourd’hui, c’est soit « Fédération russe », soit de nouveau « État russe ».
-
Beaucoup moins d’accord - au vu de la situation présente - sur la deuxième ; oui, les bolchéviks sont les premiers à réaliser l’unité politique et économique et ont failli réussir l’unification culturelle et religieuse. Néanmoins, aujourd’hui, dans ces deux derniers domaines, la tendance s’est plutôt inversée.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe