Joe Chip Joe Chip 1er novembre 2014 16:56

L’article que vous citez du site « dissidence française » (tout un programme...) ne se contente pas de fustiger les « cas sociaux » mais range pêle-mêle dans cette catégorie les travailleurs jugés indignes, les péquenauds qui ont le tort de commettre des fautes de goût (fans de Johnny, etc.), les chômeurs et déclassés sociaux accusés de complaisance, les pauvres qui ont toujours assez d’argent pour acheter des « écrans plats », etc... ça commence quand même à faire beaucoup de monde.

Par ailleurs, je trouve ça toujours hypocrite de se retrancher derrière des exemples personnels (mon ami proprio, etc.) pour les ériger en vérité sociologique absolue. Je critiquerais de la même manière l’étiquette « bobo » qui ne veut strictement rien dire. Au départ c’est un terme qui fait référence à la bourgeoisie libérale de la côte ouest américaine (« bobos in paradise ») puis qui est repris par des magazines et des chroniqueurs pour désigner la bourgeoisie de l’est parisien (gentrification). Puis le terme, à partir de la chanson de Renaud, devient une étiquette adoptée par l’ensemble des médias. Dix ans plus tard, les bobos sont partout, il suffit de consommer quelques produits bio, d’être végétarien ou de s’interroger sur le climat pour se faire traiter de bobo par un réac de service donneur de leçon. 

Les « white trash » et autres « cas soc »’ c’est exactement la même chose. Au début on veut juste pointer du doigt un phénomène qui se discute, mais qui est réel (le produit de l’individualisme et de la pauvreté), et puis on finit par voir des cas sociaux partout autour de soi : l’expérience a valeur de preuve. « Mon ami m’a dit que ». Tiens, un couple de prolo en jogging dans un supermaché = cas soc. Un jeune au chômage qui décroche = cas soc. Au final, la moitié de la population est techniquement un « cas social ». Salauds de pauvre ! 

Je ne conteste même pas ce point de vue mais il me paraît plus convenable de l’assumer idéologiquement plutôt que de se livrer à un énième exercice de pseudo-sociologie réactionnaire étayé par des commentaires vestimentaires et un réquisitoire stéréotypé contre la « société de consommation ».


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