njama njama 20 novembre 2014 10:40

Le parti d’Erdogan, un faux-nez des « frères musulmans » !

"C’est sous son long règne -1983 à 1993- (Turgut Örgal président du parti de la Mère Patrie - Anavatan Partisi ou ANAP) que se développe le parti « Refah » à la coloration fortement islamique [Refah Partisi, « Parti de la prospérité »], ce qui est une nouveauté dans un pays qui se vante de son régime strictement laïque. Ce parti acquiert 158 sièges sur 550 à l’Assemblée législative en décembre 1995, ce qui en fait la parti disposant du plus grand nombre de sièges. Son chef, Necmettin Erbakan, devint premier ministre en janvier 1996. L’armée intervient cependant dès février 1997 et l’oblige à démissionner, cependant qu’en janvier 1998 la Cour constitutionnelle prononce la dissolution du parti « pour atteinte à la laïcité de l’Etat » **

Ce dernier se reconstitue sous la dénomination de « Parti de la justice et du développement » [AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi], et sous la direction de Recep Tayyip Erdogan. En novembre 2002, c’est un raz-de-marée électoral pour le parti, qui obtient la majorité absolue au parlement, avec 363 sièges. Erdogan, inéligible en 2002 à la suite d’une condamnation de 1998 * pour « incitation à la haine religieuse » (il avait évoqué dans un discours public des symboles islamiques comme moyens de lutte politique), peut accéder aux fonctions de Premier ministre en mars 2003 - grâce à une réforme de la loi électorale qui lui permet de se présenter et d’être élu à une élection législative partielle. L’armée laisse faire et le nouveau Premier ministre s’impose sans difficulté comme un « modéré ».

Histoire du Moyen-Orient De l’antiquité à nos jours. Page 127 / La Turquie et ses relations avec l’Union Européenne.
Auteur, Georges Corm, homme politique, historien, consultant économique, financier international et juriste libanais. Ancien ministre des Finances (1998–2000) de la République libanaise.

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* En 1998, Erdoğan est condamné à une peine de prison - peine encourue dix mois de prison, peine effectivement purgée quatre mois -, après un discours qualifié « d’incitation à la haine » incluant un poème du poète nationaliste Ziya Gökalp * , au cours d’un meeting à Siirt, dans l’est du pays. Il cite ainsi ce passage : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats » .
* promoteur du « pan-touranisme » voir « panturquisme » (wiki), concept popularisé par certains courants des Jeunes-Turcs et en particulier par [le sinistre] Enver Pacha  ; - inspirateur de la politique du laik (« laïcisation de la société ») de Mustafa Kemal Atatürk. Il désirait faire de l’islam une « culture éthique rationaliste et scientifique ».

** voir réquisitoire, commentaire séparé ci-dessous


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