Paul Villach Paul Villach 30 novembre 2006 10:43

Certains contradicteurs mettent beaucoup de bonne volonté pour justifier l’injustifiable, à savoir l’usage de la lettre secrète de dénigrement comme un acte normal d’administration exempt d’ « intention personnelle et déloyale ».

- La lettre en question n’aurait mentionné que la représentante de parents, il n’y aurait rien à redire, sauf pour l’intéressée à dénoncer la méthode qui consiste à l’incriminer sans même lui tenir copie des accusations portées, pour l’empêcher de se défendre. Mais elle mentionne aussi par cinq fois le professeur. Voilà le problème !
- Le président d’une association de parents n’a pas qualité pour connaître les prétendus manquements d’un professeur.
- Les accusations portées contre ce professeur reçoivent, en outre, une publicité dommageable pour l’intéressé. Il faut préciser que - contrairement à ce que prétend un contradicteur qui, sans doute peu averti, joue sur les mots - la publicité est ici le fait de porter une information confidentielle relevant exclusivement du service devant une personne étrangère au service. Il n’y a donc pas de contradiction à parler de publicité dans une lettre secrète !
- Ces accusations, d’autre part, n’ont fait l’objet d’aucun examen préalable et encore moins d’aucune décision de la part de l’autorité compétente devant laquelle elles auraient dû être produites avant toute divulgation.
- Jusqu’à preuve du contraire, même dans la fonction publique, un accusé doit bénéficier de la présomption d’innocence, et le débat contradictoire est un des droits de la défense.
- La divulgation fautive des prétendus manquements du professeur a pour but ou pour effet, en revanche, - le résultat est le même - de créer des rumeurs qui reviendront ultérieurement comme preuves des insuffisances alléguées du professeur. Jolie méthode !
- La lettre secrète du principal a enfin pour but déclaré d’obtenir avant tout une réponse immédiate du président de l’association conforme à son analyse : la rapidité de réaction exigée et le fait d’annoncer d’avance que la réponse sera jointe au rapport vise à faire pression sur le destinataire, qui, induit en erreur par la seule version partiale du principal, sans avoir le temps de consulter les délégués mises en cause, sera amené à abonder dans son sens. C’est ainsi qu’on monte des dossiers calomnieux pour tromper la hiérarchie dont on attend la prise de sanction souhaitée.

Il faut avouer qu’il est rare que l’on débatte, en dehors de cercles étroits spécialisés, du problème formel posé par ce procès : faute de service ou faute personnelle « détachable du service ». Pourtant, on le voit, il ouvre sur un choix de société : quelles sont les méthodes qu’une administration en régime démocratique peut employer et quelles sont celles qui lui sont interdites ?

- Force est de constater qu’ il se trouve des juges aujourd’hui en France - avec des supporters - qui avalisent des méthodes tyranniques.
- L’affaire d’Outreau n’est jamais que la part émergée de la justice française. Des affaires « mineures » - au regard de la souffrance infligées aux innocents d’Outreau - ne sont pas mieux traitées. Mais sans doute est-ce parce que nombre d’esprits sont déjà mûrs pour le type de régime que ces méthodes portent en elles : « La fin est dans les moyens comme l’arbre dans le semence. » Paul Villach


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