Francis, agnotologue JL 30 mai 2015 09:01

@ alinea,
 
je m’adresse à vous ici pour ne pas interférer dans votre échange avec PV.
 
En vous lisant, il m’est revenu à l’esprit cette histoire de grenouille et de scorpion que vous connaissez sans doute : un scorpion voulant traverser un lac demande à une grenouille de le porter sur son dos jusqu’à la rive opposée, en lui garantissant bien sûr avec force belles paroles, qu’elle n’a rien à craindre de lui. Au milieu du lac, il la pique au motif que c’est sa « nature » de piquer. La morale de cette petite histoire, c’est que le scorpion y laisse sa vie lui aussi.
 
Mais dans la vraie vie, il n’en est pas ainsi : les scorpions s’en tirent.
 
Le titre de cet article est : ’’L’instrument majeur du pervers narcissique : la parole’’
 
Étonnant titre, qui laisse entendre que la parole ne serait pas un instrument majeur pour les personnes sensées et raisonnables.
 
Tout aussi étonnante est la citation mise en exergue dont j’ignore toujours si elle est de Racamier ou d’un obscur traducteur (Traduttore, traditore) , je cite : « L’apanage le plus redoutable de la pensée perverse est le décervelage, »
 
Apanage étant synonyme d’exclusivité, on en déduirait que l’action de décerveler autrui serait une propriété exclusive, spécifique aux pervers narcissiques, un signe infaillible de leur syndrome. Dès lors, où serait la limite entre un malheureux  : ’’non, tu n’a pas pas froid’’ adressé une fois ou deux, malencontreusement par une mère à son enfant, et un acharnement destructeur tel que celui dont vous avez semble-t-il été victime ?
 
C’est pourtant bien ce que cette expression suggère : il n’y a pas de limite. On retrouve ici le vice congénital de tous les articles de cet auteur : il parle, il parle, et comme le scorpion qui noie la grenouille sur le lac, il se noie avec son auditoire sidéré sous son propre flot de paroles.
 
Et c’est peut-être ici que nous trouverons la morale de cette histoire : quand je dis qu’il se noie, je veux dire qu’il finit par croire lui-même à la toute-puissance de sa parole. Et c’est probablement cela qu’il recherche au plus profond de lui : l’expression visible au grand jour, de sa toute-puissance ; mais aussi sa seule expression, tant il est vrai que la pensée perverse est, au mieux, inféconde.


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