maidoc25 maidoc25 5 juin 2015 22:53

PLAIDOYER POUR LA LIBERTE DE LA CULTURE ET DU CINEMA

 Simulacres et tartuferies tournent au vertige et au vinaigre

 

Quelle culture offrir au citoyen de demain pour forger sa personnalité ?


Il faut que Mawazine ait lieu dans toutes les villes du Maroc ! Comme ce fut le cas des concerts dans les stades qui animaient la vie artistique à l’époque  de Hassan II. Et ces activités doivent avoir lieu chaque mois. Où est passé le théâtre ? Seulement à la télé. Que sont devenus les cinémas, ces chapelles de cités et autres scènes de quartiers ? Tués par les cassettes, puis remplacés par des DVD. Où sont les lecteurs, quand il y a si peu d’encouragements aux penseurs et aux écrivains ? Où sont les librairies ? Elles sont devenues des papeteries et des immeubles en béton. 

Culture et bavures contradictoires 

Il y a deux jours, Jennifer Lopez était en concert à Mawazine à Rabat. Une dynamite époustouflante, qui fut reprise in live, sans censure ni coupure, sur 2M. 
C’est une plaidoirie sculpturale, au profit du cinéaste, qui a été démonisé. Il y a de quoi rêver, à en rester perplexe et ahuri. Ses déhanchements lubriques, ses extatiques ondulations sur scène, plaisent aux jeunes et plaident pour le «  Much loved » de Ayouch, dont le film est proscrit. Match nul ! 

Des plages de libertés 

Il y a là aussi des femmes, en bikini, plus nues encore que la diva. Mais il faut attendre l’été pour les voir, comme des sirènes sur les plages… Dignement, librement, sans entraves ni censure, et qui plus est pour tous, en famille et gratuitement. Mais là, les gens ont le choix, il y en a qui n’aiment pas le soleil et ne le supportent pas, et ils n’y vont pas. D’autres ont leurs raisons, la pudeur religieuse les en empêche. C’est un credo respectable. C’est leur devoir, leur morale et leur droit. 


Ces exemples plaident en faveur du filmographe, cet artiste, chercheur dans les rues et les bars, explorateur de nos écarts, qui a été sévèrement diabolisé. Si le peuple des bidonvilles et des barmaids parle le langage trash et cru des filles de joie du film de notre cinéaste, ça laisse les bonnes gens échaudés et refroidis à la fois. Faut-il penser que le peuple soit émasculé et sourd aux envies ? Il y a beaucoup de scanneurs de fesses, assis aux abords des cafés. 
C’est une culture. Faut-il les emmurer pour leur éviter de zyeuter les passantes et les passants ? Car c’est bien désagréable de se sentir suivi par leurs lasers pénétrants. Et, c’est a minima, comme du harcèlement. 


Faut-il dire de nos gens que c’est un peuple de dévot, de mystiques intimidés, qui ne comprennent rien aux paroles de Jennifer et qui ne lisent que les sous-titres de ses rares vêtements ? Et que seuls les dévoyés et les voyous perçoivent le sens érotique et les contorsions lubriques de J LO. 


Des mordus, en panne de gémissements, qui s’en excitent et s’enivrent, comme s’il n’y avait pas de vraies femmes au pays pour les rendre heureux ? Sauf que là, près de chez eux, dans la capitale, là sur scène et pour de vrai, ce n’est pas un jeu d’actrice de cinéma, à deux sous, mais une dame onéreuse, une vraie bombe, en chair et en os qui les enchante ! Avec de la musique et de la danse, à la place des mots ! 

 
Damner le premier et lui permettre de jouir de ses libertés à la seconde, est aux antipodes de l’équité ! Elle, qui a été bigrement honorée, lui quasiment menacé physiquement, est antinomique et partial. Simulacres et tartuferies, gouvernance délicate, cette mascarade tourne au vertige et au vinaigre. Et comme pansements, il y a cette permissivité qui est de louvoyer autour de nos erreurs et de nos fourberies, appelant l’oubli à nous en pardonner ! Et comme résilience, de nous complaire dans nos erreurs, pour nous surpasser et avancer. 
 
Le loup de Mégarama 

Les censeurs haletants, s’sont-ils tus ? Je ne le pense pas. Ce film a eu un impact essentiel inespéré ! Social, politique, culturel, alors qu’il n’est même pas sorti ! Pour appuyer mon hésitation, on me réfère au film projeté au Mégarama, à savoir : « Le loup de Wall Street », avec Leonado Di Caprio. J’y ai vu des scènes hautement érotiques, dans ce film qui n’avait pas été interdit. Des prises de vue de fesses nues, striées de poudre que l’acteur sniffait. Argent, drogues, positions lubriques des faunes et des démones de lits, rien ne manquait. 

Je n’accable personne 

Je ne juge même pas. J’observe un conflit. On ne comprend plus rien, on ne se comprend pas, non plus. On ne sait plus qui nous sommes, ni où l’on va. On ne sait plus quoi voir ni ce que l’on voit. On ne retient que ce qui est interdit… Attention les mafiosos libertaires sont là. Je fais encore allusion aux années de prohibition… 


Je réclame un diagnostic, social, anthropologique, scientifique, psychologique, médical, cultuel et politique, à la fois et à froid. Parce que nous sommes destructurés, paumés et déchirés, entre deux clans opposés sur cette question. 


Cela rejaillit sur l’enseignement, son niveau ou sa nullité, ses horizons, sur les langues usitées, leurs contenus, leurs impacts sur la famille, le travail et la citoyenneté. Donc sur la communauté entière et sur la politique du pays. Tout se confond. La livraison est hypocrite. On ne se comprend même pas. 

 

Regardez les réunions et comment les harangues des partis politiques, qui profitent des différences, incriminent et diabolisent l’autre en brûlant à mort cet autrui. Ils, les parangons, s’entredéchirent à l’image des injures proférées et des pugilats. Autant de cirques de gladiateurs et de tribuns meurtriers. Pire que du temps des Romains ! Et pour le sentir, il y a ces tweeters et ces textos, envenimés et arrogants, qui ternissent les forums. Et leur ouverture publique, pour la compréhension et l’entendement. 


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