gogoRat gogoRat 31 août 2015 13:16

Rappelons d’abord ce mot du logicien et philosophe Bertrand Russell :
’ La logique est la science qui fonde les idées vraies, la psychologie la science qui explique les idées fausses. ’
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 Cela pourra alors peut-être tempérer la ’prétention à abstraire que j’oserai tenter à mon tour ci-après.
 
 Je retiens ici deux pistes d’explications’pourquoi tant de haine ? ’) esquissées par l’auteur de cet article (Jordi Grau) :
 - D’une part :

  •   « nous sommes intoxiqués par une idéologie dont la fonction est de protéger l’ordre établi. » ...
  • " ils ne vont pas chercher à critiquer radicalement l’injustice du système qui les fait souffrir. Consciemment ou non, ils ont intériorisé le discours des dominants, selon lequel chacun est « responsable » de son sort. - «  
  • ... »éloge de la dureté« 
 - et, d’autre part :
  •   » la misère des Roms suscite moins la compassion que la peur, « 

 La seconde piste nous ramène, comme par hasard, à ce concept de compassion (= souffrir avec ) autour duquel tourne l’article proposé, et qui m’a rapidement rappelé l’ouvrage du fameux psy Christian Dejours, ainsi que la thèse qu’il défend dans »Souffrance en France« , qui se termine quasiment par ces mots :
 
 [ Celui qui veut agir rationnellement ] doit aussi être capable d’endurer la souffrance, car pour agir, il faut aussi être en mesure de supporter la passion et d’éprouver la compassion, qui sont à la source même de la faculté de penser ou, comme le dirait Hannah Arendt, de »la vie de l’esprit".

 
 ( Notons au passage que souffrance n’est pas synonyme de faiblesse ! )
 

 Pour faire court, je traduirais ainsi la thèse de Dejours, quitte à la schématiser à la hache :
 nous avons tous tendance à vouloir nier la souffrance (autant celle d’autrui que la nôtre) parce que l’idée même de cette souffrance nous fait peur : nier la réalité des injustices est alors une tentative d’écarter l’hypothèse-même que nous puissions en être un jour affectés.
 Ce qui pourrait être reformulé sous cet angle de vue : ce qui passe élogieusement pour une dureté ’méritante’ ne serait en fait qu’une fuite, une lâcheté !

 
 Un peu d’abstraction, pas nécessairement froide, pourrait sans doûte nous laisser entrevoir que l’ordre établi pour lequel nous abdiquons notre libre arbitre et notre propre entendement n’est ni une vérité divine, ni une loi de la physique : il reste artificiel et partial. Idem pour ce qui est des jugement portés sur un optimisme ou pessimisme des uns ou des autres. Si une souffrance ou une injustice existe, est-il vraiment courageux ?, optimiste ? d’arriver à ne pas la voir ? à (se) convaincre qu’elle n’est pas là ?
 Celui ou celle qui est capable d’envisager le pire serait-il ipso facto moins courageux que celles et ceux qui n’en supportent même pas l’évocation théorique ?
 Sans vouloir pour autant s’aligner sur une philosophie utilitariste, un minimum de cohérence pertinente n’est-il pas indispensable ?


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