Samson Samson 7 octobre 2015 16:03

« L’objection instinctive à la pratique du sacrifice, à savoir la répulsion à faire souffrir et à tuer des êtres innocents, n’est qu’une objection superficielle. »

Si l’on se réfère à la perspective anthropologique ouverte par l’œuvre considérable et magistrale de René Girard sur la question (La Violence et le Sacré, Le Bouc Émissaire, ...), le sacrifice, omniprésent dans toutes les sociétés primitives, a pour fonction essentielle de détourner et soulager l’accumulation des tensions et d’une violence inhérente à toute vie en société en la catalysant sur une victime substitutive à la fois suffisamment représentative que pour être efficace et suffisamment étrangère au groupe que pour ne pas l’exposer en retour à l’interminable et très destructeur cycle de la vengeance.

Si l’émergence des lois et de la puissance des appareils d’états substitue au cycle de la vengeance celui d’un appareil législatif et judiciaire tout puissants qui s’en approprient le monopole, c’est au prix - n’en déplaise à Rousseau - de l’occultation de cette terrifiante violence sociale apparemment inhérente à notre « nature » humaine.

Ce déni du sens et cette profonde ignorance de l’efficacité du mécanisme sacrificiel à apaiser les tensions au sein du groupe expose fort malheureusement ce dernier à sa « contamination » sans parade par une violence dont les outils de la raison s’avèrent dramatiquement impuissants à parer l’escalade toujours plus aveugle.

La très compréhensible répulsion des modernes à tuer des êtres innocents - leur souffrance pouvant être réduite du fait de l’évolution technique - nous expose faute de substituts « valables » au danger très réel d’en massacrer bien plus, à l’occasion d’une de ces flambées cycliques d’irrationalisme et de fanatisme dont l’histoire nous expose d’innombrables exemples : l’Europe de nos parents se réduisait il y a seulement septante ans à un immense champ de cendres et de ruines.

« La chair et le sang sont offerts sur les autels de toutes les villes et villages de France tous les dimanches sans que la prise d’une vie animale soit nécessaire. »

Mais encore y faut-il l’indispensable cohésion sociale nécessaire à son efficacité ! A noter l’originale substitution opérée par le Christ, au prix de sa propre vie, d’un rituel sacrificiel agricole (transsubstantiation du pain et du vin) au rituel pastoral (agneau premier-né), jusque là seul efficace depuis la malédiction de Caïn.
Pour rappel, tout sacrifice est substitutif et à l’origine humain.

Salutations ! smiley


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