Hervé Hum Hervé Hum 1er novembre 2015 15:32

@philouie

Admettons que le religieux soit au dessus de tout, y compris de la république, reste deux problèmes majeurs, la multiplicité de religions et l’interprétation des textes religieux dans chacune de ces religions.

On peut certes dire que « Dieu est le seul souverain », mais peut on dire que « Mohammed est son prophète » ?

Non, on ne le peut pas ! Seule la première affirmation est recevable, pas la seconde. Ceci car seule la première affirmation à une portée universelle.

Bref, si « Dieu est le seul souverain », Mohammed est l’un de ses prophètes.

De plus, si la parole que les prophètes affirment être celle de Dieu est un fait historique, le fait que ce soit bien la parole de Dieu relève de la foi. C’est tout le sens de la révélation, qui repose sur la confiance accordée à celui qui prétend être le prophète de Dieu.

Mais un poète, un conteur, un philosophe, un compositeur, un artiste et même un scientifique procèdent aussi, souvent, de la révélation et non du calcul sans pour autant avoir besoin de faire appel, se réclamer de Dieu !

Le principe de la révélation n’est donc pas le propre du prophète, mais de l’esprit humain. On peut y voir Dieu, mais ce dernier ne l’exige pas !

Ceci pour dire qu’en aucun cas un prophète peut imposer ce que Dieu lui même n’impose pas... La foi et la loi ! 

C’est que le principe du libre arbitre repose sur l’adhésion et qu’on ne saurait convaincre quelqu’un de sa foi en étant l’exemple contraire et de la loi, en ne se l’appliquant pas à soi même.

Ce qui nous amène à poser la question de l’universalité de la religion. On peut ainsi noter que l’affirmation « qu’il n’y a de Dieu que Dieu », est reprise par toutes les grandes religions du monde ; judaisme, christianisme, islamisme, mais aussi l’hindouisme (monothéisme), on peut même faire allusion au bouddhisme, car pour atteindre le nirvana, il faut faire soi la compassion et miséricorde divine, ainsi que le sens du détachement. .

Or, s’il n’y a de Dieu que Dieu et en plus seul souverain, cela signifie bien qu’aucune religion ne peut prétendre être la parole exacte et entière de Dieu, mais seulement une partie, révélé à un moment de l’histoire de ces communautés et d’ailleurs, n’est ce pas pure arrogance que de prétendre le contraire ?

Le fait est que la religion repose, tant que Dieu ne se manifeste pas Lui même, sur la foi et non sur la réalité factuelle.

Entendons nous bien, il ne s’agit pas ici de récuser le fait religieux, donc de la réalité de Dieu, mais qu’un être humain puisse affirmer recevoir toute la parole de Dieu, alors même que ce dernier laisse libre sa parole en donnant à tout un chacun la capacité d’accéder à la révélation (principe yogi dans l’hindouisme, prière ailleurs ou encore méditation). La preuve en est qu’il existe nombres de religions et encore plus de personnes affirmant avoir reçu une révélation divine.

de plus, on peut noter un fait qui est repris dans le Coran et est même sa justification, c’est que la révélation se fait progressivement, suivant l’évolution de la conscience humaine, donc, suivant son histoire. Voir Mohammed comme le dernier prophète et le Coran comme le livre contenant toute la parole de Dieu dédié à l’humain, signifie la fin de l’histoire, or, ce n’est pas le cas, bien au contraire.

Ce qu’il faut donc admettre, c’est que Dieu ne limite pas sa parole, qu’elle est ouverte et qu’ainsi, affirmer en être le détenteur exclusif est se fourvoyer et fourvoyer les autres. En affirmant « il n’y a de Dieu que Dieu et Mohammed est son prophète », c’est, pour moi la preuve d’une hérésie. La seule phrase possible est « il n’y a de Dieu que Dieu et Mohammed est un de ses prophète » ou bien « et Mohammed est notre prophète qui nous indique le chemin ».

Car le gros problème des prophètes de toute les religions a consisté à pouvoir dépasser la tradition des convertis. On peut ainsi noter les limites et autre compromissions faites par la religion face à la tradition. Limites marquant celle de la non universalité de chacune des religions. C’est particulièrement criant avec la place de la femme ! Dans le Coran, Dieu reconnaît qu’il s’agit là d’une forme de discrimination, mais c’est comme cela, que c’est sa volonté souveraine ! J’y vois là plutôt une perversion, la marque d’une domination qui ne veut pas s’effacer, mais vous allez m’affirmer le contraire. (ici, ce n’est pas le Coran dans son esprit qui est visé, ni celle de Dieu car sa parole Y est une invitation, incitation, mais la main de la tradition humaine qui perverti le message. Car il y a la lecture littérale et la lecture figuré.

Dernier gros problème, celui de la récupération, c’est à dire, de ceux qui prétendent interpréter la parole révélé et exiger des autres qu’ils leur obéissent, par la contrainte et la violence, voir la mort. Car il est un fait que très peu de personnes affirment avoir un lien direct avec Dieu « Seul à seul », les 99,99 % de l’humanité s’en remettant soit à leur cogito (athées), soit à un religieux (pour les croyants), dont on ne peut rien affirmer sur sa foi et son interprétation de la loi, soit enfin bien sûr à leur propre interprétation (donc, sur les textes !).

De tout cela il ressort une chose essentielle, aucune religion peut prétendre détenir la parole entière de Dieu, seulement un fragment. On peut voir dans ce fait, où Dieu sème sa parole en autant de manière de le percevoir, la preuve de sa volonté de laisser le libre arbitre à l’humain pour assembler ou non les morceaux afin de dépasser ses propres violences et entamer une ère de paix.

L’enseignement récurrent dans les grandes religions est celui du détachement, or, c’est contradictoire avec l’attachement que vous vouez à votre prophète ou pour un chrétien à Jésus ou pour un juif à Moise, etc... En effet, ce n’est pas au messager qu’on s’attache, mais à celui qui est l’auteur du message (« il n’y a de Dieu, que Dieu »).

Comprenez bien, vous pouvez voir dans le Coran un message à portée universelle, même s’il ne peut l’atteindre, mais celui du messager n’être qu’un message à porté locale, réduit à la communauté non pas musulmane au sens de ce mot, mais aux traditionalistes, ne voulant pas aller plus loin et donc, refuser que l’histoire puisse continuer au delà de leur propre tradition.

Comprenez bien ceci, ce n’est ni Dieu, ni le Coran, ni l’islam, ni même Mohammed, mais tous ceux qui ont récupérés cette religion pour asseoir leur propre domination sur les croyants. Ceux qui ont « privatisé » la religion pour en tirer profit.

En résumé, Dieu à divisé sa propre parole à travers les communautés d’humains pour leur laisser trouver la parole vrai et entière, qui contient la règle permettant à l’humanité d’aller plus loin dans sa propre histoire, qui ne peut se poursuivre que dans le libre arbitre, autrement dit, la non présence de Dieu dans la réalité, mais uniquement dans la foi.

Ici, commence une autre dimension de conscience d’êtres de la vie, non basé sur la propriété (qui est sur soi et non sur autrui), mais la responsabilité (qui est envers autrui et non sur soi). La différence porte (entre autre) sur la relation entre attachement et détachement. La propriété fonctionne sur l’attachement, la responsabilité sur le détachement. Ici, l’attachement est uniquement à soi même et à Dieu, tandis que le détachement est vis à vis d’autrui et aussi de Dieu.

A moins que Dieu en décide autrement...


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