Nycolas 10 décembre 2015 08:22

D’accord avec l’article, mis à part que les non-inscrits ne sont pas décomptés, comme si le fait de ne pas posséder de carte d’électeur était insignifiant. C’est mon cas, et nous sommes 6 millions, ce qui mène à 58%, et non 48 ou 50 comme on peut le lire ici et là, la proportion de non-votants pour un parti proposé. A quoi il faut ajouter ceux qui votent par dépit, ceux qui votent par cynisme, par rejet, par colère, et ceux qui, comme mon père, votent « contre ». Combien reste-t-il de votes pleinement assumés ? 10 % ? 1% ?

Le premier commentaire sous cet article, comme bien d’autres avant lui, nous invite, nous enjoint, nous ordonne de voter pour un petit parti, genre l’UPR ou je ne sais lequel, comme si voter pour un petit parti était le remède miracle mal connu pour guérir la maladie de la démocratie. Mieux, ce commentaire prétend nous expliquer que c’est important et utile, puisque nous sommes décidément trop bêtes pour le comprendre. Il s’agit pourtant d’une autre variante de cette merveille de double pensée qu’est le « vote utile » qui est le plus inutile qui soit (et là encore, quelle proportion des votes représente ce vote malhonnête et non assumé, d’ailleurs ?).

Ce qui n’est pas souvent dit, c’est que le problème n’est pas tellement qu’une majorité de français ne se reconnaissent dans aucun parti, c’est plutôt que le problème EST le système démocratique actuel (et je l’ai personnellement compris dès l’enfance, personnellement, en observant comment ça se passait, et rien n’est venu me détromper à l’âge adulte par la suite), et que ce système est rejeté totalement par au moins 6 millions de français qui n’en ont rien à carrer car ils savent bien que tout ça ne débouche inévitablement que sur de la politique politicienne chez 100% des grands et petits partis, et qu’aucun ne sauraient nous sortir de l’ornière, pas plus qu’un Jésus ou qu’un Père Noël ne pourrait le faire.

Je suis profondément consterné à chaque fois qu’un de ces puérils défenseurs du droit (soi-disant devoir) de vote tente de « m’expliquer » en quoi je suis un mauvais citoyen et que ça mérite panpancucu mais qu’heureusement on est quand même indulgent avec moi.

Soyons sérieux, ce système électoral, non proportionnel, non représentatif (dans les faits), ne débouchant que sur la corruption de professionnels de la politique par des lobbies divers, n’est qu’une mascarade absolue de A à Z. Il est hors de question que je m’y plie, il est hors de question que je montre le moindre signe d’accord avec ça, hors de question que je pratique, comme l’immense majorité des votants, une compromission avec mes convictions qui ne sont ni représentées, ni défendables dans un tel système. Je suis contre ce système, absolument et en tout point, qui fait croire à la masse, y compris à la marge de cette masse où un esprit critique molasson existe, que nous vivons dans une démocratie, un pays de libertés et de droits. Toute personne qui a les yeux ouverts et les oreilles tendues constate chaque jour le contraire, et se comparer à des dictatures déclarées n’y change rien, car notre système débouche sur un totalitarisme invisible que jamais ô grand jamais un vote ne pourra changer.

Le simple fait qu’une alternance entre la droite molle et la gauche molle ait lieu depuis des décennies, sans interruption, avec un petit coup de grand méchant loup nationaliste de temps en temps est à la portée de compréhension d’un enfant, alors cessez ces leçons ridicules du genre « votez mieux la prochaine fois ». Il n’existe aucune façon de mieux voter, seulement des manières d’exprimer ses convictions et de les faire vivre. Le fait est que la majorité a en fait sans doute juste peur de s’exclure socialement en étant honnête avec elle-même, et c’est tout. Dans un tel contexte il ne faut pas s’étonner que les politiciens qui ont des convictions courageuses soient du rarissimes à l’inexistant, et qu’à l’image de leurs électeurs, ils pratiquent la compromission avec une grande molesse qui se cache derrière des atours de comportement « raisonnable ». Il n’y a rien de moins raisonnable que d’assumer une soumission à ce système.

Asselineau, Asselineau, sortir de l’OTAN et de l’Europe, d’accord, mais pour croire que c’est possible en l’état il faut en tenir une couche. Il y a une excellente raison à laquelle l’UPR n’émerge pas, c’est que le système n’en veut pas. Par conséquent son avènement est impossible, la corruption et la consanguinité politico-journalistique étant ce qu’elle est. La France sortira de l’Europe automatiquement quand l’Europe s’écroulera, et de l’OTAN pour les mêmes raisons. La marge de manoeuvre pour agir sur ces choses est quasi inexistante, ce n’est pas un sentiment d’impuissance ou de facilité qui me le fait dire mais la simple observation des faits. Assassinat de Chavez, achat des politiques par les lobbies, achat des journaux par les industriels, voilà les conséquences, causes et symptômes du pouvoir actuel. Les têtes à la direction d’un pays sont des épiphénomènes qui passent et repassent, et si les citoyens souhaitaient réellement changer les choses, il serait bien plus efficace de le faire en manifestant par son mode de vie que par un bulletin insignifiant, mais le veulent-ils en fait ? Bien sûr que non ! Chacun ne parle que du chômage et de son pouvoir d’achat, et même l’hystérie climatique voulant « sauver la planète » ne vise en réalité qu’à sauvegarder nos modes de vie, comme voudrait le faire le « développement durable ». Comme le citoyen ne veut pas remettre vraiment en cause ce qui ne marche pas, il vote et donne des leçons de citoyenneté à ceux qui en ont compris de longue date la totale vacuité, dans un souci d’union « sacrée » autour des « valeurs » de nos pays qui sont « boire en terrasse » ou « aller à des concerts ». Confusion entre valeurs (la prétendue liberté) et un banal mode de vie qui est en réalité la seule chose qui soit « chère » à la plupart.

Avec un tel tableau, il serait temps de reconnaitre que le votant est, en réalité, le premier complice du système en même temps que sa « base », comme on dit d’ailleurs dans le jargon électoral. Le votant est le socle d’un système qu’il prétend repousser et croit modifier à chaque nouvelle élection. Le naïf c’est lui, alors qu’il cesse de vouloir donner des leçons à celui qui ne vote pas. Les choses iront mieux quand il y aura 0% de votants, mais le « citoyen » d’aujourd’hui, en dehors de trier et recycler, que fait-il ? Quel est son courage, quelles sont ses convictions ? Nada. Si peu de gens pour accomplir un authentique geste de rébellion ou alors des trucs insignifiants en rapport avec le pouvoir d’achat (saboter les radars). Voilà le citoyen, un radin qui s’accroche à ses habitudes, et qui a l’idiotie suprême de croire, lui qui est prisonnier de la force de cette habitude, qu’il peut changer les choses par un geste encadré et institutionnalisé, alors que s’il se rendait compte que c’est son mode de vie qui forge le monde, il se rendrait vite compte que ce monde est, à son image, pétri d’habitudes renforcées par une inertie.

Allez, j’ai déballé mon sac, oui je n’ai rien proposé. Il n’y a rien à proposer. J’attends que ce système se casse la gueule, et là on pourra parler de reconstruction, après la guerre. Peu de gens sont de toute façon prêts à discuter des solutions, ils veulent juste qu’on protège leur mode de vie, pas qu’on le remette en cause pour le remplacer. C’est sur ce fond de commerce que repose entièrement l’électoralisme. Alors cessez de me dire (à moi, à tous les non-inscrits et abstentionnistes), comment je dois voter ou pas ! Votre « réalisme », votre attitude « raisonnable » ou « sage » n’est que cynisme, soumission et compromission, et vous ne m’y prendrez pas. La sagesse, dans nos sociétés, n’est que l’autre mot pour « obéissance ».


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