Wakizashi Wakizashi 19 mars 2016 12:04

Bonjour Ar zen, je m’inscris en faux avec la majeure partie de votre commentaire :

"Le qualificatif que l’on adjoint au substantif « démocratie » détermine sa signification. Comme le bleu peut être « bleu ciel » ou « bleu nuit ». Il s’agit bien de la couleur bleue mais l’adjectif les différencie d’une manière fondamentale.« 
La démocratie est directe ou n’est pas. Le système représentatif n’est pas démocratique, mais il est aristocratique par définition, et oligarchique par extension. Pour rappel, jusqu’à récemment, le système représentatif et le système démocratique étaient clairement opposés ; je vous renvoie au débat Voltaire-Rousseau. Ce n’est que récemment dans l’histoire que les élections ont été assimilées à la démocratie, dans un magnifique exercice de novlangue.

 »En présence d’une démocratie « directe » qu’est-il possible de faire. Vous disposez de 2 outils. L’initiative populaire, d’une part, qui permet de modifier tout ou partie de la constitution. Nous comprenons alors que rien ne s’oppose à ce qu’une constituante soit rassemblée. Le peuple de France remet sa constitution sur les rails et se protège. Le référendum, d’autre part, qui permet de dénoncer une loi jugée inopportune. Par ailleurs, il convient du supprimer la procédure du congrès afin que seul le peuple puisse défaire ce qu’il a fait.« 
Remarque préalable : les 2 outils que vous citez n’en forment finalement qu’un. L’initiative populaire est une forme de référendum.

Plus largement, nombreux sont les gens comme François Asselineau qui évoquent la nécessité d’injecter plus de »démocratie directe" (pléonasme) dans le système, en citant généralement le référendum d’initiative populaire, la révocation des élus et j’en passe, et ils ont raison. Mais le référendum (d’initiative populaire ou non) comme le tirage au sort ne sont que des outils. On a d’ailleurs trop souvent tendance à assimiler Étienne Chouard au tirage au sort, alors qu’en fait son véritable cheval de bataille n’est pas cela. Le tirage au sort n’est qu’un moyen, pas une fin.

La base de la démocratie, ce qui l’institue et qui constitue le véritable objectif de M Chouard, c’est la Constitution. Si M Asselineau disait qu’il se présente à la Présidentielle avec pour seul programme la mise en place d’une Assemblée Constituante tirée au sort, et qu’il se retirerait dès que la nouvelle Constitution serait adoptée, je serais prêt à voter pour lui. Son mandat se résumerait alors à assurer l’intérim pendant les quelques mois de transition. Mais il n’est nullement dans les plans de M Asselineau de se présenter à l’élection Présidentielle dans le but de permettre la mise en place de la démocratie en France, ce qui reviendrait pour lui à se faire élire pour renoncer à exercer le pouvoir.

M Asselineau ne cache pas qu’il se présente pour gouverner pleinement, et à ce titre, de même que toute récupération d’outils populaires par le capitalisme (comme le salaire universel) seront toujours dévoyés, toute récupération d’outils démocratiques par des gens qui ne sont pas démocrates seront dévoyés eux aussi, vidés de leur substance pour être relégués au rang de simples gadgets.

Autrement dit, même si Étienne Chouard et François Asselineau sont d’accords sur de nombreux points comme la sortie de l’Europe ou la création monétaire, ils sont en désaccord frontal sur un point d’achoppement qui est justement la démocratie. Et cela, c’est tout sauf un hasard : il n’y en a qu’un des deux qui soit un authentique démocrate.


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