jack mandon jack mandon 2 juin 2016 11:50

A tous,

Les élèves de Socrate selon Raphaël,


Tous les personnages de la fresque ne sont pas identifiés, Raphaël a du composer avec la censure papale. Sa finesse d’esprit a contourné l’obstacle, il a souvent habillé l’âme de ses modèles avec des personnages d’un autre temps qui présentaient des analogies comportementales, intellectuelles ou artistiques avec le message allégorique. Cela explique que la fresque évoque 25 siècles d’histoire transposées à la Renaissance. Le décryptage est ludique mais rendu difficile. C’est au fond l’art de la prophétie.

Le groupe socratique improvisé, fait se retrouver Alcibiade, Antisthène, Alexandre le grand, Gorgias. Il est important d’y réfléchir, Socrate médiateur, se situe entre le monde présocratique et le monde des systèmes politiques et religieux à la dérive, celui de toujours avec des gradations.

Alcibiade, l’idéalité hellénistique, somptuosité de la forme, pauvreté du contenu, un aspect du monde devenu. L’image de l’apparence, un critère dominant de la modernité.

Alexandre le grand, stratège intelligent, mais conquérant boulimique peu scrupuleux, un tyran capital, grand inspirateur d’un abondant vivier de bellicistes clair-obscurs historiques.

Antisthène, « Le sage ne vit pas selon les lois de la cité, mais selon celle de la vertu ». Structure éthique rassurante qui se passe de dialectique et rejette la logique. Ce qui favorise une certaine distorsion du message, au moins quant à la forme. Quant au fondement il est authentiquement cynique. Diogène, son unique élève, en sera l’incarnation douloureuse et spectaculaire.

Gorgias, la rhétorique, le sophisme. L’art oratoire au service de la subjectivité humaine. Amoralité voire immoralité du contenu. Académie des avocats et des hommes politiques. Cet auditoire est d’une grande modernité. La fresque prophétique de Raphaël nous montre que le temps n’existe pas.


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