Paul Leleu 6 juin 2016 15:22

Je partirai d’un point de vue voisin du commentaire de « Oxi gene »...


En effet, la réalité scientifique est que nous ignorons absoluement « quoi faire » de ces peintures qui nous sont parvenus du fond des âges. 

Deux réalités co-existent en paléontologie :
- les preuves scientifiques d’une part (la découverte de vestiges et leur datation).
- les supputations plus ou moins fantaisistes et amateures pour les expliquer (à base d’anthropologie, de psychanalyse ou de socio-politique, le tout mâtiné d’un zest de supputations « génétiques »). 

La réalité, c’est que nous essayons d’appliquer des modèles complètement anachroniques à ces sociétés du paléolithique. Ce que nous appelons les « sociétés primitives » dans notre terminologie courante concerne en fait des sociétés de l’Antiquité, et au mieux de l’âge de fer. 
Les sociétés « totalement isolées » qu’on pense avoir ici ou là découvertes, sont en fait extrêmement marginales pour être représentatives. Et encore, il est difficile de vraiment déterminer leur degré d’isolement dans le temps (certains reviennent à l’isolement)
Enfin, nous faisons totalement abstraction des bouleversments anthropologiques et symboliques survenus entre le paléolithique et notre époque. On peut en noter au moins deux déjà : la maitrise de l’agriculture et de l’élevage, la maitrise du bronze. Leurs conséquences furent incalculables. 

En fait, ces supputations récurrentes des paléontologues nous apprennent plus sur eux que sur les sociétés anciennes. 

Si ils sont scientifiques pour ce qui est de la quête de vestiges et de datation, ils sont souvent complètement amateurs en matière d’anthropologie, de psychanalyse, de socio-politique et de génétique. Sans compter sur les questions de l’art. 

Par exemple, pour l’artiste, il n’y a pas de différence entre « l’art pour l’art » et « l’art chamanique »... Allez demander à Rudolf Noureev, Jean-Sebastien Bach ou Max Lorenz, si leur art tient de la pratique « esthétique » ou « chamanique »... Cette frontière n’a aucun sens. La réalité, c’est que cette distinction est surtout le révélateur de l’origine sociale bourgeoise des archéologues. 

Cette quête de « vérités primitives » dans la préhistoire me fait toujours penser à la fièvre « égyptologique » d’une certaine époque ou le mythe du « bon sauvage »... Gauguin ou Rimbaud aussi l’ont vécu. A chacun ses fumeries d’opium à shangaï....

La quête de « vérités primitives » n’a rien à voir avec la paléontologie. C’est malheureusement un dérapage très fréquent dans ce milieu. Les « vérités primitives » se trouvent autant à Lascaux que chez François Boucher. Autant dans un Haïku que dans une rondeau de Charles d’Orléans ou un sonnet de Shakespeare. 
Le vrai mystère est là... dans le silence de ces preuves du temps jadis. 

Maintenant, si je devais me lancer à mon tour dans quelques conjectures amateures, je partirais des faits. Les représentations pariétales s’articulent presque exclusivement autour de la représentation de gibier comestible. (comme la peinture moderne autour des courtisanes). 
Ceci s’accorderait assez bien avec le fait que le sexe devient l’obssession de sociétés de relative abondance. Et donc que la « révolution agraire » n’avait pas encore transformé ces modèles symboliques. En clair (et pour provoquer), que Marx nous en apprendrait plus que Freud sur l’art pariétal smiley

Quant aux structures sociales et aux « chefs spontanés » et « chamaniques »... bon... ça tient du fantasme... aujourd’hui not’ chef françois, il n’est ni spontané ni chamanique smiley 
Là encore, on fait fi des bouleversements technologiques et symboliques intervenus à différents moments de l’histoire des sociétés pour éclairer (sinon expliquer) la domination sociale de certains types d’individus (souvent en dépis du bon sens ou de nos propres désirs). 


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