njama njama 29 juin 2016 00:13

@Bernard Dugué
C’est peut-être l’occasion de revisiter Ivan Illich, histoire d’avoir un peu de suite dans les idées. Il prophétisait d’une certaine manière ...
Ça tombe bien, je suis adepte de la liberté thérapeutique, et de la liberté vaccinale

Le renoncement à la santé
Ivan Illich
Voici vingt ans, j’ai publié un ouvrage intitulé Némésis médicale. Il s’ouvrait sur cette phrase « l’entreprise médicale est devenue un danger majeur pour la santé ». A l’époque, cette formulation était puissamment chargée de sens. La lirais-je chez un auteur d’aujourd’hui que je riposterais : « Et puis après ? ». En effet, le danger majeur ne réside plus dans l’entreprise médicale, mais dans la quête de la santé.
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J’en appelle à l’expérience personnelle de chacun, à la sensibilité des gens ordinaires, par opposition au diagnostic et aux décisions des professionnels. J’en appelle à la mémoire populaire, par opposition aux illusions du progrès. Prenons en considération les conditions de vie dans notre cercle familial et dans notre communauté, et non pas la qualité des prestations de « soins de santé » ; la santé n’est pas une marchandise qu’on distribue, et les soins ne peuvent être prodigués par un système.

Oui, nous avons mal, nous tombons malade, nous mourons, mais également nous espérons, nous rions, nous célébrons ; nous connaissons les joies de prendre soin les uns des autres ; souvent nous sommes rétablis et guéris par divers moyens. Nous n’avons pas à suivre un chemin uniformisé et banalisé de notre vécu.

J’invite chacun à détourner son regard, ses pensées, de la poursuite de la santé, et à cultiver l’art de vivre. Et, tout aussi importants aujourd’hui, l’art de souffrir, l’art de mourir.
Les droits et libertés des malades

Je revendique certaines libertés pour ceux qui préfèrent célébrer l’existence plus que de préserver la « vie » :

* la liberté de juger moi-même si je suis malade ;
* la liberté de refuser à tout moment un traitement médical ;
* la liberté de choisir moi-même un remède ou un traitement ;
* la liberté d’être soigné par une personne de mon choix, c’est-à-dire par quiconque dans la communauté s’estime apte à guérir, qu’il s’agisse d’un acupuncteur, d’un homéopathe, d’un neurochirurgien, d’un astrologue, d’un sorcier, ou de toute autre personne ;
* la liberté de mourir sans diagnostic.

Il ne m’apparaît pas qu’il soit nécessaire aux Etats d’avoir une politique nationale de « santé », cette chose qu’ils accordent à leurs citoyens. Ce dont ces derniers ont besoin, c’est de la courageuse faculté de regarder en face certaines vérités :

* nous n’éliminerons jamais la douleur ;
* nous ne guérirons jamais toutes les affections ;
* nous mourrons certainement.

Voilà pourquoi, en tant que créatures pensantes, nous devons bien voir que la quête de la santé peut être source de morbidité. Il n’y a pas de solutions scientifiques ou techniques. Il y a l’obligation quotidienne d’accepter la contingence et la fragilité de la condition humaine. Il convient de fixer des limites raisonnées aux soins de santé classiques. L’urgence s’impose de définir les devoirs qui nous incombent en tant qu’individus, ceux qui reviennent à notre communauté, et ceux que nous laissons à l’État.

Ivan Illich en 1994
http://1libertaire.free.fr/IvanIllich29.html

En librairie, Némésis médicale. L’expropriation de la santé, de Ivan Iliich, mai 1975
https://www.amazon.fr/N%C3%A9m%C3%A9sis-m%C3%A9dicale-Lexpropriation-sant%C3%A9-Illich/dp/2020028026


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