Owen The Saints (---.---.239.113) 21 août 2016 15:02

(Je vais parler du Nord, rural, que je connais, pas du Sud, Nouméa que je ne connais pas concrètement).
.

Cela dépend, certains ont leur propre atelier de conditionnement, d’autres s’entendent avec un poissonnier. Il y a un colporteur qui s’est acheté trois maisons, dont une en métropole...
Je ne veux pas être trop précis, l’île n’est pas grande et ce n’est pas le but ici. Mais ils vont bien.
.
Un tazar (entre 15 et 20 kg) est acheté 2000 francs au pêcheur. Le filet (500 g) est vendu 1000 francs dans les rayons poissonneries des magasins. Donc questions marges, il y a de quoi aisément s’entendre entre le colporteur et le vendeur final.

Les pêcheurs sont payés au quai. Ils s’achète en premier lieu des congélateurs et certains des machines à glaces pour des ventes ambulantes. Un atelier c’est un bâti et des équipements beaucoup plus onéreux, ce qui n’est pas dans leur budget. Il y a eu de projets qui ont fait l’objet de financements publics mais qui n’ont rien donné.
.
Ceux qui percent et font un bon bizness sont les caldoches (descendants d’anciens bagnards) ou métis. Ce sont des propriétaires terriens polyactifs (élevage, agriculture, chasse, pêche).
Les kanaks de la commune dont je parle vivent en tribu, en foncier coutumier et obéissent à d’autres règles de vie sociales. Je connais plusieurs tentatives de coopératives avec eux depuis les 30 dernières années, mode d’organisation qui semblait a-priori le mieux calqué avec leur organisation d’existence, aucune n’a marché.
.
Pour un kanak, le taf c’est soit : la vie en tribu (auto-subsistance et ils savent faire), avec de temps en temps un contrat de quelques mois pour ramener des sous, ou bien quitter la tribu pour aller en emploi et s’installer en agglomération. Si, avec le temps, on laissait tomber la vie en tribu, cela pourrait aller, mais ce n’est pas du tout à l’ordre du jour et tout le monde est d’accord là dessus. Et cette semaine, j’ai discuté encore avec trois adultes kanaks, nés à Nouméa, étaient salariés, qui ont préféré revenir avec leurs enfants dans la famille d’origine en tribu.
Il commence à y avoir des indépendants (conducteurs de cars ou engins, espaces verts...mais c’est tout juste émergeant, avec des clients uniques, institutionnels ou grosses sociétés).
Il manque ce niveau intermédiaire, prendre conscience que les tribus, les communes rurales  sont aussi des pépinières à activités (aussi bien de la part des kanaks que des administrations publiques qui aident à l’économie).
.
Autre exemple : une mairie, avec que des élus kanaks ont soutenu, avec des financements divers, la construction d’une cantine pour toute la commune. Grosse attente pour les pêcheurs et producteurs de la commune. Elle tourne à 300 repas par jour, maintenant.
Mais, avec les normes et les obligations des commanditaires, toutes les fournitures alimentaires sont importées et les produits carnés sont des congelés. C’est ballot. Des enfants qui habitent en bord de mer et qui mangent des poissons carrés, laissés par des parents pêcheurs, ça énerve un peu. Et les élus sont des indépendantistes.
Mais voilà, même s’il y a des discours sur l’économie locale, il y a résistance dans le réel à poser et partager les réflexions, tant du côté des producteurs potentiels, pas habitués à un schéma d’économie formelle, que du côté des institutionnels qui n’arrivent pas à sortir des logiques bureaucratiques et réglementaires établies.
 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe