Emile Mourey Emile Mourey 17 novembre 2016 18:05

@Y.Favory

Bonjour,

D’abord , merci d’accepter le débat.

1. Concernant les murailles de Mont-Saint-Vincent, voici ce qu’écrit l’archéologue Henri Parriat dans sa notice sur le site : les prodigieuses murailles cyclopéennes, qui à l’est supportent les terrasses sur lesquelles s’étagent maisons et jardins, ne sont pas sans rappeler les grandes enceintes fortifiées des âges du bronze et du fer. Qu’au demeurant, il n’est pas croyable que l’homme de ces époques lointaines n’ait pas songé à utiliser les admirables possibilités défensives du site.
Je suis un peu maçon et je pense reconnaître les façons de construire. Voyez ma photo comparée. Faites Agoravox puis taper dans “rechercher” :


2. Cet oppidum en forme d’ovale de la Troie de Schliemann se retrouve à l’identique dans l’oppidum de Mont-Saint-Vincent. À Alise, il est de plus petite dimension et ne se dresse que sur la pointe ouest du plateau, à l’endroit où Garenne l’a indiqué dans son ouvrage, mais en y voyant la citadelle du texte césarien alors que la dite citadelle est la tour qui se trouve au centre de cet oppidum ovale. Nous avons là la véritable représentation de ce qu’était un oppidum, à l’origine, en forme d’œuf ouvert vers le ciel. Cela n’a rien d’étonnant, le symbole de l’œuf étant courant dans le monde ancien jusqu’en Inde. Vincent Guichard reconnaît, lui-même, que sa définition de l’oppidum est totalement conventionnelle, qu’elle est le fait des archéologues du XIXème, et il regrette la glose de ses collègues à ce sujet, la désignation que les archéologues donnent au mot oppidum étant tout à fait arbitraire ((France Culture, 7/9/1998, émission "Mémoires d’homme). 

C’est bien par le mot oppidum (ovale + horst) que César désigne Bibracte (à Mt-St-Vincent) mais aussi Cabillodunum alors que celui-ci est pourtant en forme de quadrilatère (ce qui indique une autre origine, probablement cananéenne).

3. Les amphores du mont Beuvray. C’est Vincent Guichard qui, le premier, s’est étonné de l’incroyable quantité de débris d’amphores retrouvés sur le site, mais il n’en a pas tiré le bon enseignement. Alors qu’il reconnaît pourtant que l’installation sur cette montagne (d’une agglomération qui se veut urbaine) défie apparemment toute logique (Revue Gallia, 1998, numéro 55), il a cherché à la justifier par des échanges commerciaux multiples alors qu’il ne peut s’agir que du ravitaillement d’une troupe militaire.
Je ne comprends pas qu’il n’ait pas fait le rapprochement avec les événements qui ont précédé
la guerre des Gaules. La faute en revient à une mauvaise traduction et interprétation du texte de César. Il y est pourtant bien dit - avant que César se retourne dans la plaine d’Alsace contre Arioviste - que celui-ci avait déjà infiltré 15 000 Germains en Gaule (DBG,I,31)
.
4. Mais où sont donc atterris ces 15 000 Germains ? Il n’est pas besoin de sortir de Saint- Cyr pour comprendre qu’ils sont venus renforcer les Arvernes, côté Loire et les Séquanes, côté Saône… contre les Éduens. Dès lors que vous mettez Bibracte au Mont-Saint-Vincent, vous comprenez qu’ils sont venus renforcer les Arvernes au mont Beuvray, alias Gorgobina, alias Gergovina. La preuve archéologique se trouve à Mesvres, antique localité au pied du Mont Beuvray. Dans les chartes du Moyen-âge, il est mentionné avec une orthographe variée : Magobrium. Qu’on rajoute le “g” qui a disparu à l’usage et on obtiendra le Magetobriga qu’évoque Cicéron dans sa lettre 19 à Atticus, et le Admagetobriga qu’évoque César (lDBG I, 31,12). Il se peut même que les Eduens aient été attaqués par les Germains alors qu’ils se trouvaient encore dans leurs camps de toile. Peut-être même n’avaient-ils pas franchi l’Arroux. Cf Wikipédia : Mesvres, temple antique à l’emplacement de l’ancien prieuré, restes d’un camp retranché antique au signal de Notre-Dame-de-la-Certenue, vestiges celtiques et gallo-romains, sur le Mesvrin, deux ponts à bec.

5. Donc, les Germains étaient au mont Beuvray et ce sont les Arvernes qui les ravitaillaient avant qu’intervienne César. Après la défaite d’Arioviste dans la plaine d’Alsace, César y a installé les Boïens et le ravitaillement venait d’Italie directement ou par le relais des Éduens et des Arvernes ralliés.

D’où les deux enceintes, d’où l’abandon progressif du Beuvray au fur et à mesure que les Boïens en sont descendus pour coloniser le Morvan. D’où son intégration ou son retour dans le pays éduen.

CQFD. Toujours content de vous lire.


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