Christian Labrune Christian Labrune 15 novembre 2016 17:13

@Jeussey de Sourcesûre
L’auteur avait effectivement cette possibilité de se contenter, pour son patricien, de quelque giton, ce qui eût été infiniment plus conforme à nos moeurs actuelles, mais non : il fallait que son dessein allât encore plus loin dans le pervers, et il s’emploie à nous heurter par l’exhibition d’un goût pour les femmes qui est assurément des plus dépravés.
On est effaré aujourd’hui quand on relit Tacite ou Suétone, de voir à quel degré vraiment criminel d’homophobie ces historiens peuvent atteindre lorsqu’ils stigmatisent les amours bien innocentes de Néron et de Sporus, par exemple ; après s’être odieusement moqués des aimables divertissements pédérastiques de Claudius à la fin de son règne. Quand on voit ce qui peut s’écrire dans l’Histoire auguste à propos d’Héliogabale, c’est encore bien pire : de ce vertueux progressiste on ferait presque un monstre. De tels livres devraient être interdits aux mineurs à cause de l’immoralité des auteurs : ils pourraient induire à des choix sexuels trop restrictifs nos collégiens qu’on essaie pourtant par ailleurs, et, par une habile pédagogie, d’ouvrir à l’exploration de tout le champ des possibles.
Fort heureusement, nous n’en sommes plus là, nous autres qui sommes si politiquement corrects. Un heureux syncrétisme nous induit désormais à enfermer les femmes dans des sacs à patates et à vouloir que les hommes, enfin, puissent « sabrer », comme dit Paul Veyne, ad libitum. Et même se reproduire par ce moyen-là, si c’est possible. Sur le plan des moeurs, cet article est donc tout à fait réactionnaire.
Cela n’ôte rien, évidemment à ses qualités littéraires ni à la richesse de sa documentation, ni au plaisir qu’on éprouvera à le relire en douce. La lecture, disait Larbaud, « est un vice impuni ».


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