Harry Stotte Harry Stotte 27 décembre 2016 22:34

@eau-du-robinet

Tout cela me paraît bel et bon, mais avec la complexité d’une usine à gaz. Et si l’on veut vraiment veiller à la représentativité politique objective dans toute sa diversité, je ne vois pas bien comment on pourra le faire sans recourir aux statistiques portant sur la race, l’ethnie, l’orientation sexuelle, les convictions religieuses et politiques.

Mais ce qui m’inquiète le plus, au demeurant, c’est l’assignation d’une « mission informative, démocratique et émancipatrice », à un Service public de l’Information et de la Culture, dont on peut craindre, d’une part, qu’il ne devienne un outil de la propagande gouvernementale, d’autre part, un instrument de conditionnement – dit « émancipation » - de l’opinion, qui ne serait d’aucune utilité, ou presque, si on laissait, au citoyen lambda, la faculté de s’évader sur des chaînes de divertissement.

Et puis, il y a un autre aspect de la question, absolument essentiel, que vous n’effleurez même pas : celui de l’orientation politique des journalistes eux-mêmes. On parle de sondages ayant démontré que 80 % d’entre eux portent à gauche, et sur la plupart des grands thèmes sociétaux (mariage pour tous, peine de mort, GPA, euthanasie, droit de vote des étrangers, vivre ensemble, multiculturalisme, etc.), ils témoignent d’une quasi-unanimité, que ne compense pas la force de frappe des vedettes de la partie adverse.

La plupart de ces gens croient, pour reprendre une formule d’Eugène Enriquez , en « l’aptitude de chaque homme à devenir un être fraternel pour les autres. ». Sur la base de quoi, ils pensent, interprètent le monde, analysent les événements et commentent en conséquence.

En face d’eux, il y a ceux qui partagent la conviction d’Oswald Spengler selon laquelle « … les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la volonté de posséder, et le pouvoir. », et eux aussi pensent, interprètent le monde, analysent les événements et commentent en conséquence.

Tel est, schématiquement mais non caricaturalement, le grand clivage de notre temps, dont le plus grand nombre n’a pas (encore) conscience, entre ceux qui ne s’en rendent pas compte, ceux qui s’en foutent et ceux qui ne veulent pas le savoir.

Or, ce clivage est presque omniprésent dans le contenu des médias, soit directement, soit implicitement, il oriente le choix des informations comme les propos des intervenants lors des débats, inspire les « décryptages ».

Les premiers considèrent les seconds comme des fascistes, des parasites, des ennemis du genre humain, qui freinent le progrès et retardent l’avènement d’un monde meilleur, on pourrait même dire le meilleur des mondes, si l’expression n’était déjà prise.

Les seconds considèrent les premiers comme de chimériques suicidaires conduisant nos peuples, nos nations et notre civilisation à la tombe, en ouvrant tout grand les portes de notre minuscule continent à tous les surplus de population des pays cafouilleux de la planète.

Et c’est dans cette pétaudière de pré-guerre civile, que vous prétendez mettre de la diversité et offrir une information neutre, distanciée et exhaustive, garantissant l’éducation de tous, grâce à des débats publics de qualité ? Je vous souhaite par avance, bien du plaisir, comme aurait dit De Gaulle.


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