Acerekebolah Acerekebolah 31 décembre 2016 18:57


J’ai passé beaucoup de temps à Cuba ces derniers temps et je confirme que l’ambiance est moins pesante dans les autobus de La Havane que dans le métro parisien.

Pour l’immense majorité des cubains les droits de l’homme tels qu’on les entend en France ne sont pas un sujet de préoccupation. Ce qui inquiète le cubain, c’est de savoir ce qu’il va manger demain... et à quel prix.

Rodés à la survie, les cubains sont maintenus dans une précarité permanente qui enlève toute pertinence à la notion même d’avenir.     

Pour comprendre à quel point le gouvernement cubain maltraite son peuple, renseignez - vous sur le montant d’un salaire et sur le coût de la vie à Cuba, c’est là que se situe le crime principal de ce régime. 

Quand vous cautionnez cette aberration surréaliste, vous considérez comme normal le litre de lait à 2 cuc (1 cuc = 1 $US), comme normal que la lessive ou l’huile soient vendus à un prix double de celui du marché français, tout cela alors que les salaires sont CENT FOIS inférieurs aux nôtres. L’embargo n’explique que pour une part infime cette disproportion qui fait de chaque cubain un candidat à la prison, puisque le simple fait de manger tous les jours implique un « détournement de ressources » ou autres activités illégales. 

Le futur « patron » du pays, Miguel Diaz Canel, est surtout connu pour avoir rempli les prisons de ces « délinquants économiques » dans la région de Santa Clara qu’il dirigeait.

Les cubains qui émigrent en masse ne voient pas leur départ comme une fuite vers la liberté mais plutôt comme le seul moyen de vivre honnêtement et de contribuer à la survie de leur famille restée au pays.

René Dumont exprimait ses doutes dans son livre de 1970 « Cuba est-il socialiste ? ». Maintenant on peut vérifier tous les jours les inégalités croissantes entre une classe dirigeante qui voyage beaucoup, vit dans les demeures de la bourgeoisie de l’ancien régime, fréquente des restaurants ou un seul repas vaut 2 fois le « smic » cubain... Tout cela en prônant une frugalité absolue pour le citoyen de base.

A part ça, l’état cubain est effrayé à l’idée de communications libres entre les citoyens. La « disparition physique » de Fidel a été suivie de celle des cartes qui permettent de se connecter à internet. Le système chinois de filtrage de mots clef sur les téléphones mobiles n’est pas au point, les messages arrivent parfois entièrement rédigés... en chinois.

Les mécanismes de la terreur sans violence sont bien au point, le film « Retour à Ithaque » de Laurent Cantet en démonte les mécanismes. Le scénario est signé Leonardo Padura, écrivain vivant à Cuba, ce qui démontre qu’une petite tolérance existe aujourd’hui. A sa sortie il y a 2 ans, ce film avait été interdit dans un premier temps, puis autorisé pour une diffusion confidentielle... le gouvernement assimile certains principes capitalistes, le « cause toujours » est souvent plus efficace que le « ferme ta gueule » 



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