Wakizashi Wakizashi 4 février 2017 13:25

Même si Armelle n’a pas tort concernant la mentalité humaine, à mon humble avis c’est PiXels qui a le mieux résumé le problème. Connaissant la « nature humaine » (je n’aime pas trop ce terme, mais il a le mérite d’être compréhensible par tout le monde), un système institutionnel basé sur la vertu ne peut pas tenir la route.

Un système institutionnel, pour être crédible, doit au contraire être basé sur l’idée centrale de protection contre les abus que cette sacrée « nature humaine » nous poussera immanquablement à commettre. Il se trouve qu’en plus, toujours en vertu de la fameuse « nature humaine », une personne à qui l’on donne du pouvoir a naturellement tendance à vouloir en abuser. On retrouve ça à toutes les échelles, y compris chez les flics, les chefs de rayon des magasins, et même chez les parents vis-à-vis de leurs enfants.

Une personne dotée d’une grande sagesse peut certes résister à cet appel, mais d’une part la sagesse est une denrée malheureusement rare par les temps qui courent ; et d’autre part plus le pouvoir est élevé, plus l’appel est puissant, plus la sagesse pour y résister doit être profonde.

Il convient de dire aussi que contrairement à ce que prétend l’adage, ce qui rend aveugle n’est pas l’amour mais le pouvoir. Autrement dit, quand les gens ont beaucoup de pouvoir, ils ne touchent plus terre et ne se rendent même plus compte (ou à peine) des abus qu’ils commettent. C’est la fameuse « déconnexion des réalités » dont souffrent les élites, que tout le monde dénonce sans réaliser que c’est là un mécanisme psychologique de base. Autant dénoncer la pluie ou la gravitation. L’exemple de Fillon est à ce titre particulièrement parlant, parce que l’on voit bien qu’il ne se rendait même pas compte du problème (il semble que ça commence à lui rentrer dans le crâne maintenant, mais à quel prix ?).

Bref, un système bien organisé est un système fondé sur la protection contre les abus de pouvoir. Pour cela, il existe beaucoup d’idées de bon sens qui ne datent pas d’hier, comme par exemple donner peu de pouvoir à beaucoup de gens plutôt que de donner beaucoup de pouvoir à peu de gens. L’idée d’une rotation permanente aussi, afin que le pouvoir ne soit pas toujours détenu par les mêmes. L’idée que chaque pouvoir doit être contrôlé (par des organes de contrôles indépendants, cela va de soi n’est-ce pas, et pourtant ce n’est pas le cas actuellement).

Mais surtout, et c’est là que l’intervention de PiXels est pertinente, il est évident qu’il ne faut pas que ce soient les gens au pouvoir qui écrivent les règles du pouvoir...

Trop peu de gens le savent, mais le texte supérieur régissant les pouvoirs, et auquel toutes les lois sont subordonnées (on appelle ça le sommet de la pyramide des normes), c’est la Constitution. Presque tout le monde se fout de la Constitution comme de son premier slip, mais la base du problème est pourtant bien là.

Il est vrai que l’on peut remonter encore plus haut (causalement), et dire comme Armelle que le problème provient de la mentalité humaine, ou de la « nature humaine » ; mais pour pertinent qu’il soit ce constat n’est pas opérationnel, dans le sens où personne ne peut nous changer à part nous-mêmes. Gandhi avait proféré une remarque d’une profonde sagesse lorsqu’il avait dit « sois le changement que tu veux voir dans le monde », mais on sort là de la dimension temporelle, pour rentrer dans la dimension spirituelle.

Bref, l’un n’empêche pas l’autre (on peut parfaitement avoir une démarche spirituelle en parallèle d’une démarche politique), mais la politique fait partie de la dimension temporelle, et à ce titre on ne peut donc pas compter sur la spiritualité pour remédier à des problèmes politiques.

Ceci nous fait donc retomber sur le problème des institutions, à commencer par le problème de la Constitution. Et avant même de parler du contenu d’une hypothétique nouvelle Constitution, la question qui devrait être débattue en priorité est bien celle de savoir QUI peut ou doit l’écrire. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut surtout pas que ce soient les pouvoirs...


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