Christian Labrune Christian Labrune 25 février 2017 13:04

@Gilles Mérivac
Votre article est d’une grande clairvoyance. On dira qu’il est d’un réactionnaire, mais peu importe si être réactionnaire par les temps qui courent, c’est faire prévaloir les exigences de l’état de droit et les principe de la République sur les objectifs des factions qui tendent à la diviser, quand ce n’est pas à la détruire.

Sans doute, au principe des différentes manifestations que vous évoquez et qui sont déjà anciennes, pouvait-on repérer des intentions à court terme respectables, procédant de valeurs « humanistes » qui avaient toujours été celles de la gauche et d’une tradition qui remonte à Jaurès, mais ce qui s’observe quand même lorsqu’on examine l’évolution des choses et ses effets pervers depuis le début des années 80 et l’arrivée au pouvoir d’un ancien maréchaliste, c’est une très lente fascisation de cette « gauche ».

Le PCF était bien déjà, à l’époque de sa splendeur, et pour les observateurs les moins crédules, un parti d’inspiration totalitaire ; on ne le tolérait qu’à cause qu’il pouvait encore se prévaloir d’avoir été le « parti des fusillés ». Il restait quand même une entité nettement délimitée : si on n’adhérait pas à cette illusion que dénoncera Furet, on luttait contre. Les groupuscules gauchistes enfermés, chacun dans sa doxa rigide, étaient aussi clairement identifiables . Mais dès les années 80, et la montée de cette logique victimaire que vous analysez très bien, dont tant d’associations factieuses auront su faire leur beurre, la pire des confusions commence à se généraliser.

Aujourd’hui, je n’hésite pas à le dire, il n’y a plus aucune différence entre l’extrême droite et l’extrême gauche. La « gauche », qu’il s’agisse du NPA (Nouveau Parti Antisémite) ou du parti de Mélenchon, ressemble de plus en plus fortement à l’extrême droite des années 30. Pendant ce temps-là, le FN essaie de se dédiaboliser en singeant l’ouvriérisme d’un PCF agonisant, mais tout en continuant quand même à cultiver dans son arrière-boutique les thèmes abominables qu’ils n’ose plus exposer en vitrine.

La situation actuelle me fait penser à une phrase de Montesquieu examinant l’évolution des systèmes étatiques, et les périls qui menacent les républiques : « Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais, pour lors, le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille ; et sa force n’est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »
 


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