Christian Labrune Christian Labrune 3 mars 2017 10:45

Je ne le vois évidemment pas comme un nazi.
@jadevo
C’est bien ce qui fait que je n’ai pas répondu à un certain nombre de vos assertions d’hier qui, s’inspirant du récit de Jeussey, nous présentaient la manifestation prévue au Trocadéro comme l’irrésistible ascension d’un nouveau Führer. Si l’association Europe-Israël, dont je suis membre depuis des années, appellait à un rassemblement fascisant, ce serait vraiment bizarre !

Il y a un an, j’avais écrit à un ami qu’il serait hors de question que je votasse pour un Juppé ou un Fillon. On avait vu Fillon à l’oeuvre, ça n’était pas glorieux.
Son bouquin« Vaincre le totalitarisme islamique », en comparaison des positions d’un Juppé qui avait fait accrocher la légion d’honneur au pourpoint d’un Oubrou, Frère musulman notoire et antisémite, m’avait paru quelque chose de positif qu’il fallait prendre en compte, et j’avais donc voté deux fois pour Fillon aux récentes élections. Mais j’avais écrit quand même à ce copain que si le candidat ne précisait pas ses positions sur la Russie alliée de l’Iran, je préfèrerais m’abstenir aux présidentielles. Qu’il faille renouer avec la Russie et cesser de lui chercher des poux dans la tête en toute circonstance, c’est un fait, mais il y a l’Iran et le Hezbollah. S’il y a un nazisme dans le monde d’aujourd’hui, c’est là qu’il se trouve. Or, Fillon est soutenu par un président du Sénat dont j’avais entendu un certain nombre de déclarations tout à fait confuses et inconsistantes après son voyage en Israël. Ca n’était pas très engageant.

L’affaire Fillon, disait dimanche passé Finkielkraut, « ça n’est pas très reluisant ». C’est bien le moins qu’on puisse dire, et une si énorme tartufferie me dégoûte singulièrement. J’ai développé ce point à la suite du récent article de Gruni, et je ne vais pas me répéter.
Je n’irai pas au Trocadéro, et si, comme il semble, Fillon est obligé de se retirer pour laisser la place au maire de Bordeaux, je ne voterai pas aux présidentielles.

Fillon n’a évidemment rien d’un fasciste. Il ressemble, malgré les airs qu’il a voulu se donner, à la plupart de nos politicards qui se battent pour le bout de gras. Cela se fait, au Sénat et à l’Assemblée, d’engraisser ses proches - et soi-même par la même occasion - en leur attribuant des fonctions purement imaginaires. Si ça se fait, pourquoi être soi-même plus royaliste que le roi ? Cela dit, il devient particulièrement malséant en pareille circonstance et quand on en est là, de s’identifier à un De Gaulle qui, selon une légende jamais démentie, n’aurait pour rien au monde affranchi sa correspondance privée avec les timbres du bureau présidentiel.

Il reste que les socialistes ont évidemment profité de l’occasion pour l’abattre, avec la complicité empressée de la magistrature. Le député socialiste qui est chargé des questions au gouvernement avait proposé ses bons offices au Qatar : il pouvait bloquer toute question embarrassante devant l’assemblée, « mais il n’avait pas à le faire gratuitement » (cité dans « Nos très chers émirs »). A la concussion s’ajoute ici l’intelligence avec une puissance objectivement ennemie. C’est très grave. La justice s’est-elle saisie de l’affaire ? je n’en ai pas l’impression.

Etant donné le danger que représente la montée en France d’un FN fabriqué de toutes pièces par l’homme à la francisque au milieu des années 80, la RAISON D’ETAT eût imposé aux socialistes d’étouffer dans l’oeuf l’affaire Fillon dans la mesure où sa candidature était la seule qui pût durablement ratatiner le parti d’extrême droite. La plupart des Français qui votent pour le parti Le Pen -parti authentiquement fasciste- ne sont pas eux-mêmes des nostalgiques du nazisme. ce sont des crétins incultes et dépourvus de clairvoyance. Un certain nombre de leurs exigences sont tout à fait légitimes et la politique simplement conservatrice dessinée par un Fillon aurait pu les réconcilier durablement avec la République.

Voilà où j’en suis. La France est vraiment au plus bas, et tout cela est bien inquiétant. Mais je le redis encore une fois : ce qu’on peut voir en France et en Europe actuellement, contrairement à la thèse de Jeussey, ce n’est pas le nazisme, c’est la COLLABORATION avec un totalitarisme islamique dernier avatar du nazisme. La nuance est des plus essentielles.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe